« L’IA : la bataille a à peine commencé, les poussières ne retomberont que dans quelques mois », Ayi Renaud Dossavi dévoile sa vision époustouflante

Article : « L’IA : la bataille a à peine commencé, les poussières ne retomberont que dans quelques mois », Ayi Renaud Dossavi dévoile sa vision époustouflante
Crédit: Midjourney
12 juin 2023

« L’IA : la bataille a à peine commencé, les poussières ne retomberont que dans quelques mois », Ayi Renaud Dossavi dévoile sa vision époustouflante

Plongez dans l’univers de l’intelligence artificielle (IA) appliquée à la création littéraire à travers une entrevue exclusive avec l’écrivain togolais, Ayi Renaud Dossavi. Il révèle les subtilités de l’utilisation des technologies révolutionnaires de Google Bard et Chat-GPT pour générer du contenu textuel. Découvrez comment ces avancées technologiques transforment le paysage littéraire dans cette rencontre captivante.

Propos recueillis par Gilles LAWSON


Quel est votre point de vue sur l’utilisation de l’IA pour générer du contenu textuel, tel que la technologie Google Bard et Chat-GPT ? Pensez-vous que cela peut être bénéfique pour la production de contenu, ou cela peut-il avoir des conséquences négatives sur la qualité de l’information diffusée ?

Ayi Renaud DOSSAVI : On dira ce qu’on voudra, mais ces outils sont sacrément puissants pour produire du contenu de qualité assez bonne et rapidement. Chat GPT semble pour le moment en avance sur Bard sur ce type de contenu, mais l’écart se resserre rapidement, surtout pour ceux qui ne le font qu’en anglais. Il faut savoir ajuster et combiner ses prompts, faire des retouches par-ci par-là, mais globalement, ces chatbots sont très puissants et permettent d’accélérer le travail. Le paradoxe, c’est qu’ils accélèrent le travail de ceux qui ont déjà du talent et de l’expérience dans le domaine, qui peuvent plus précisément faire la retouche, identifier les patterns récurrents et les corriger, ajouter une touche d’originalité dans le domaine. Mais dans quelle mesure ces outils vont-ils transformer la création de contenu ? C’est encore difficile à imaginer. Il faut le voir ainsi, si Chat GPT et compagnie étaient des outils hyper chers ou secrets, fermés d’accès à 99% des créateurs de contenu, ce serait une avance massive pour ceux qui les possèdent, et ils pourraient broyer la concurrence très rapidement.

Mais là, l’outil est « ouvert », bien connu du grand public, et c’est une compétition ouverte à qui s’en appropriera le premier. Ce ne sont donc pas les mêmes paramètres de compétition. On peut aller vers un nouveau statut, caractérisé par une pointe de créateurs, surtout les agences et les entités capables de combiner plusieurs outils, qui vont dominer le marché – une détérioration du marché par « excès de texte » et une dilution de la valeur de ce type de contenu (parce qu’il y en a trop, partout, et facilement générable). C’est un processus dynamique. La bataille a à peine commencé, les poussières ne retomberont que dans quelques mois. Disons que d’ici 3 ou 5 ans, quand on sonnera la retraite, on saura compter les cadavres et déterminer les vainqueurs et survivants de cette grande mêlée.

L’avenir des copywriters et autres créateurs de contenu, à titre individuel, semble quand même incertain, pour 80-90% d’entre eux. Ceci au profit des agences et des corporations. Mais c’est difficile de conceptualiser la mort de sa propre profession, de penser à sa propre extinction, donc on est là, on se pare d’optimisme pour cacher l’odeur de nos corps (professionnellement, s’entend) en putréfaction. Tout ce qu’on peut demander, c’est vigilance, rapidité d’exécution, veille informationnelle, et apprentissage massif de tout ce qu’il y a à apprendre. L’avenir, c’est-à-dire la survie, appartient à ceux qui se lèvent tôt et ceux qui sont suffisamment flexibles pour pivoter rapidement.

Comment pensez-vous que l’IA peut influencer l’esprit critique des individus lorsqu’ils consomment de l’information en ligne ? Croyez-vous que les gens doivent être formés à une utilisation plus critique de l’information, en particulier à l’ère de l’IA et des deepfakes ?

Ayi Renaud DOSSAVI : L’IA et la technologie en général suivent la tendance naturelle des phénomènes dialectiques, c’est-à-dire le cycle de service, problèmes, solution, et problème avec la solution du problème, stabilisation et utilisation généralisée.

Il n’est pas exclu que l’IA soit la solution aux problèmes de deepfakes (qui vont être massifs et extrêmement préjudiciables… beaucoup d’arnaques, d’extorsions et de diffamations vont survenir dans le futur, et elles vont engendrer beaucoup de torts et de préjudices). Mais des outils technologiques permettront de contrer le problème.

J’imagine également facilement que des outils pour lesquels on avait du mal à trouver une utilisation pratique généralisée reviennent fortement à notre rescousse, notamment la blockchain. La blockchain (les NFT) peut aider à générer des outils d’authentification généralisée pour les vidéos et autres productions numériques. On pourrait imaginer un monde où toutes les productions émanant d’une personne devraient être tokenisées pour authentifier la source. Mais bon, l’IA est encore en déploiement, et les calculs quantiques ne sont pas loin… on verra comment l’univers de l’authentification va évoluer et s’adapter.

Dans quelle mesure pensez-vous que la technologie Google Bard peut contribuer à la conjecture de la connaissance, c’est-à-dire la production de nouvelles connaissances à partir de données existantes ? Pensez-vous que cela peut changer la façon dont nous produisons et partageons les connaissances dans le futur ?

Ayi Renaud DOSSAVI : Il existe en philosophie, et par extension en informatique, le concept « d’émergence », c’est-à-dire que la combinaison d’un ou plusieurs outils génère un système ou un autre outil avec de nouvelles propriétés, aptitudes et différences radicales. Par exemple, la conscience (humaine notamment) est une émergence de la vie, la vie est une émergence de la matière, et la matière est elle-même une émergence de l’énergie (E=mc², pour le dire de façon très triviale). On a également observé ce phénomène d’émergence très fortement chez les outils d’IA, qui manifestent de nouvelles propriétés qu’on ne leur avait pas programmées initialement (comme un modèle linguistique de Google qui a appris une langue « par lui-même », alors qu’on ne lui avait pas enseignée).

Là où je veux en venir, c’est que l’IA va certainement devenir incontournable dans la recherche et va gérer et générer des découvertes totalement inattendues, dépassant les capacités humaines. L’un des défis de la recherche aujourd’hui est la trop grande masse de données et la spécialisation excessive des domaines de recherche. De moins en moins d’humains sont capables d’avoir une compétence pertinente dans un large champ de connaissances différents. Je pense que l’IA (non seulement Bard ou Chat GPT, mais d’autres encore, dans le domaine de la médecine, voire même au-delà de la physique, etc.) va devenir incontournable dans la recherche scientifique. Peut-être qu’une IA nous aidera, par exemple, à résoudre le problème de la fusion à froid ! Les outils d’IA se sont déjà montrés plus efficaces que les humains dans le traitement des mégadonnées et la génération de conjectures très intéressantes. L’avenir de la recherche, je pense, réside dans de puissants outils d’IA qui « crunchent » les données, assistent les humains et établissent des liens entre différents domaines de la recherche scientifique.

On peut aussi rêver, un jour, d’une gigantesque bibliothèque à la fois de culture générale et scientifique, qui combine tous les pans de la connaissance humaine et qui est analysée en une fraction de seconde par une puissante entité d’IA, qui assiste tous les humains, synthétise les connaissances, propose des conjectures et facilite la combinaison des savoirs.

En quoi pensez-vous que Google Bard, ChatGPT  et d’autres technologies similaires peuvent changer la façon dont nous apprenons et acquérons des connaissances ? Pensez-vous que ces technologies peuvent rendre l’apprentissage plus accessible et efficace pour tous ?

Ayi Renaud DOSSAVI : Chat GPT s’est déjà montré plus « compatissant » et « sympa » envers les patients que de vrais médecins dans certaines spécialités, ce qui démontre une intelligence émotionnelle supérieure. La même tendance peut certainement se produire dans le domaine de l’éducation. L’IA va devenir incontournable dans l’éducation, car c’est un outil tout simplement trop puissant pour être ignoré (Moi-même, actuellement, je réfléchis à utiliser Chat GPT pour faciliter mon apprentissage de l’espagnol, par exemple).

J’espère simplement que les pays africains sauront capitaliser sur ces technologies. Il faudrait travailler avec nos États, nos partenaires, pour produire des outils adaptés à nos besoins, et rendre l’éducation encore plus massive et démocratisée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Le Japon (comme par hasard !) a compris l’énorme potentiel de l’IA et a même décidé d’aller « à fond » en promouvant un modèle Chat GPT pour tous ses fonctionnaires. Voilà un pays qui a flairé le filon et qui ouvre la voie. Les Émirats arabes unis ont également lancé un projet pour développer leur propre « IA conversationnelle »… cela va arriver très rapidement dans le domaine de l’éducation. Nos pays devraient faire pareil, et se faire assister par des outils d’IA, plus ou moins centralisés, dans différents domaines (On y reviendra, nous devons faire des plaidoiries en ce sens ! )

Étiquettes
Partagez

Commentaires