Ayi Renaud Dossavi, le dilemme des écrivains face à l’IA 

Article : Ayi Renaud Dossavi, le dilemme des écrivains face à l’IA 
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16 mai 2023

Ayi Renaud Dossavi, le dilemme des écrivains face à l’IA 

Dans un monde où le développement de l’Intelligence Artificielle (IA) est en constante évolution, l’avenir du métier d’écrivain suscite de nombreuses interrogations. Entre craintes et espoirs, les écrivains se positionnent face à cette technologie émergente qui semble redéfinir les contours de la créativité littéraire. Lors d’une entrevue, nous avons eu l’opportunité de discuter de ce sujet complexe avec Ayi Renaud DOSSAVI, écrivain renommé et observateur avisé de l’industrie littéraire.

Propos recueillis par Gilles LAWSON

Ayi Renaud Dossavi, écrivain togolais renommé, a marqué la scène littéraire par ses œuvres empreintes de poésie et d’engagement. Son recueil de poèmes acclamé « Chants de Sable » a remporté le prestigieux Prix Ahmadou Kourouma en 2018, mettant en lumière son talent exceptionnel. À travers ses écrits, Dossavi explore les thèmes de l’identité, de la mémoire collective et des luttes sociales, offrant ainsi une voix authentique à la littérature togolaise contemporaine. En tant qu’écrivain engagé, Ayi Renaud Dossavi n’hésite pas à aborder des sujets sensibles, faisant de ses écrits des instruments de réflexion et de prise de conscience.

Survivre à l’ère de l’IA

Le débat sur la capacité de l’IA à remplacer les écrivains reste ouvert. L’IA peut produire des textes de base avec des schémas récurrents faciles à identifier, ce qui place les auteurs en position délicate. Cependant, Ayi Renaud Dossavi le maintient : les écrivains survivront. « Je pense que, tout comme les peintres ont survécu à l’invention de la photographie, et le théâtre a survécu au cinéma, les écrivains survivront, “en principe” à l’IA. »

Crédits photo : France Culture

Collaboration et défis de l’IA pour les écrivains

L’IA peut-elle prendre la place des écrivains dans le futur ? Cette question, autrefois considérée comme une simple boutade, est désormais pertinente. L’IA excelle dans la production de textes basiques et redondants, mais elle ne peut pas encore saisir l’âme de l’homme comme le peuvent les grands auteurs. Cependant, l’écrivain souligne qu’il existe une tentation de s’appuyer sur l’IA comme une béquille créative, ce qui soulève des questions sur l’inspiration et l’originalité. « L’IA appelle à un “impératif d’originalité”. Aujourd’hui, on ne peut plus être moyen, il faut être plus vrai, plus nouveau et plus profond que jamais. »

Alors que l’IA continue d’évoluer, les écrivains devront repenser leur rapport aux fondamentaux du storytelling. Dans un monde où l’IA peut produire des centaines de lignes à la minute, la simplicité et l’originalité deviennent des atouts clés. Cependant, l’écrivain souligne que tout texte produit peut être répliqué par un outil d’IA et qu’une course est lancée : « il n’est pas dit que nous la gagnerons. »

Adaptation des écrivains à l’arrivée de l’IA dans le monde de l’édition

L’arrivée de l’IA dans le monde de l’édition nécessitera de définir les cadres régulatoires de la production. Il faudra déterminer ce qui relève de la créativité humaine, à quel pourcentage d’IA peut-on considérer que le travail n’est plus de l’auteur, et comment séparer les catégories « Made by human » de celles « Made-via-AI ». Pour Ayi Renaud Dossavi, si c’est un « exercice difficile, il est essentiel si on veut garder de la pertinence dans ce siècle en tant que créateur de contenu. »

Plus que ça, si l’IA est là pour rester, les écrivains devront compter avec elle : l’utilisation de l’IA peut accélérer et simplifier le processus éditorial, les écrivains devront être vigilants quant à leur originalité créative pour rester pertinents dans un monde où les machines seront de plus en plus performantes que l’homme. « Il y a un scénario où on se retrouve dans un “cimetière des idées”, où les auteurs déjà produits, déjà connus, se répètent en échos plus ou moins variés par les multiples nexus de l’IA.« 

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