Docteur Beauty SODOKIN : la voix qui éduque sur la prévention des maladies non transmissibles et le cancer du sein au Togo

Article : Docteur Beauty SODOKIN : la voix qui éduque sur la prévention des maladies non transmissibles et le cancer du sein au Togo
Crédit: Beauty SODOKIN
21 mai 2023

Docteur Beauty SODOKIN : la voix qui éduque sur la prévention des maladies non transmissibles et le cancer du sein au Togo

Dans une interview exclusive avec Mondoblog, Docteur Adjovi Evenunye Beauty SODOKIN, fondatrice de MedStudents Leaders Association (MLA) et initiatrice de « MLA Tour Rose », nominée parmi les 200 femmes influentes dans le domaine de la santé mondiale partage sa vision pour retirer le cancer du sein de la première place sur la liste des cancers les plus courants chez les femmes au Togo grâce à son initiative « Je sauve avec 3 Kolos ». Elle évoque son parcours en médecine, la bourse Mandela Washington, ses projets pour l’autonomisation des filles togolaises et la façon dont les réseaux sociaux peuvent aider à éduquer la population sur la prévention des maladies non transmissibles et sur la promotion de la santé.

Propos recueillis par Gilles LAWSON


Que peut-on savoir sur votre parcours, Docteur ?

En ce qui concerne mon itinéraire professionnel, je suis fière de dire que j’ai suivi le chemin classique d’un médecin. D’emblée, j’ai opté pour la série scientifique, plus précisément la série D au lycée en raison de mon grand intérêt pour les mathématiques pures et les sciences naturelles. Bien que j’eusse un faible pour les langues, je me suis vue davantage épanouie dans la pratique des mathématiques et des sciences physiques. Je fus une bachelière très précoce, ayant réussi mon examen avant mes dix-huit ans.

Après avoir décroché mon baccalauréat avec mention, il ne me restait plus qu’une seule option logique : postuler pour intégrer la Faculté de Médecine de Lomé, alors connue sous le nom de la Faculté Mixte de Médecine et de Pharmacie (FMMP), qui est aujourd’hui l’éminente Faculté des Sciences de la Santé (FSS). C’était l’unique option où j’ai présenté mon dossier et heureusement pour moi, j’ai été acceptée.

Bien que chaque faculté présente ses défis, il convient d’ajouter que la faculté de médecine est un parcours particulièrement ardu. Il n’est pas aisé de passer de la première année à la deuxième année. Bien que cela puisse sembler curieux, j’imagine que l’administration ou la décanale applique cette méthode pour offrir à tous les étudiants une chance d’essayer; la concurrence y est très rude.

À l’heure actuelle, seuls quatre-vingts étudiants passent en deuxième année, ce qui reflète une véritable compétitivité. Même après la première année, cette compétition perdure et représente un véritable parcours de combattant. Il faut être assidu, discipliné, et faire preuve d’un grand sens de la volonté afin de ne pas abandonner.

De nature très disciplinée et hautement motivée, j’aime me prouver ma valeur et obtenir de bons résultats. Cette conviction ne me quitte jamais et m’encourage à persévérer quoiqu’il arrive.

Crédit : Jojo Photography
Crédit : SODOKIN Beauty

Au final, je suis comblée de savoir que j’ai achevé mes études à la faculté et pu défendre, un 22 octobre, ma thèse de doctorat en médecine sur les tumeurs rénales, où j’en suis sortie avec la mention « Très honorable avec félicitations du jury », et échange.

Crédit : SODOKIN Beauty
Crédit : Jojo Photography

La détermination, une qualité essentielle pour atteindre ses rêves

Au détour de mes souvenirs, une anecdote me revient en mémoire, celle de mon combat contre les stéréotypes de genre au lycée. Lors de l’obtention de mon BEPC en 2008, j’avais brillé à la fois en sciences et en littérature, au point de susciter l’admiration de mes enseignants. Cependant, en raison de mon statut de fille, le censeur avait pris l’initiative de me diriger vers la série A4 (série littéraire), scrutant un imaginaire culturel où les femmes seraient vouées à exceller en littérature plutôt qu’en sciences.

Malgré mes résultats flatteurs dans toutes les matières, le censeur n’avait pas saisi mes aspirations à devenir scientifique. Je me souviens avoir lutté pendant des semaines contre cette injustice, arguant que mon avenir était davantage lié aux probabilités et aux formules qu’à la plume et à la poésie. Pendant que mes camarades passaient sereinement leurs cours dans la série scientifique, je me battais pour changer de série, pour ne pas succomber aux clichés qui confinent les femmes à des domaines limités.

C’est ma détermination légendaire qui m’a finalement permis de triompher de l’indifférence de mes supérieurs et de mes camarades. Je suis ainsi devenue l’élève de la série scientifique, fière de montrer que les femmes ont toute leur place dans les sciences. Cette anecdote demeure un témoignage vibrant de ma conviction profonde que les femmes doivent briser les barrières et s’émanciper des rôles que leur impose la société.

Pourquoi avoir embrassé la prévention des maladies non transmissibles ?

Pour ma part, je suis passionnée par la prévention des maladies en général et des maladies non transmissibles en particulier. En effet, je ressens une véritable satisfaction lorsque je vois une personne en bonne santé, au sens propre du terme. En tant que médecin, je suis de ceux qui se donnent corps et âme pour que chaque individu devienne acteur de sa propre santé.

Crédit : SODOKIN Beauty

D’ailleurs, Hippocrate, notre illustre devancier, a enseigné que « ton alimentation soit ton premier médicament ». En entendant ces paroles, je me suis dit que si le pionnier de la médecine a proclamé cette maxime, alors nous, simples mortels, pouvons veiller à minimiser les risques de tomber malade dans notre vie quotidienne. Pour moi, il est capital d’être ce médecin qui ne se contente pas de traiter les maladies une fois qu’elles sont installées, mais qui joue véritablement un rôle dans la prévention au sein de sa communauté.

C’est pourquoi j’ai choisi de me plonger dans le domaine de la prévention, bien que je sois médecin clinicienne au départ. Je pratique toute la gamme de médecine de famille ou générale, ainsi que les interventions d’urgence. Bien que ma passion pour la prévention m’ait conduite à me spécialiser dans la sous-discipline de la santé publique, je n’ai pas pour autant abandonné ma profession de médecin clinicienne.

En somme, il y a de multiples raisons qui me motivent, ainsi que ma communauté, à devenir acteur de notre propre santé et à réduire les risques de maladie. À mon sens, il s’agit d’un engagement personnel et quotidien envers soi-même, et inversement, envers la communauté dans laquelle nous évoluons.

Crédit : SODOKIN Beauty

Une autre raison m’incitant à m’investir dans la prévention, c’est notre continent d’appartenance. En tant qu’individu purement africain, je suis fière de mes racines, mais les réalités actuelles de notre continent ne nous permettent pas, en somme, de planifier des investissements significatifs pour la prise en charge de nos affections quotidiennes. C’est pourquoi je suis convaincue que cela devrait motiver, non seulement moi-même, mais également d’autres médecins à s’engager intensément dans la prévention.

En outre, les maladies non transmissibles constituent principalement un groupe de pathologies insidieuses, appelées « les tueurs silencieux ». Lorsqu’une personne tombe malade, elle présentera souvent des symptômes, signalant la présence d’une affection. Cependant, dans le cas des maladies non transmissibles, la pathologie peut se développer presque en sourdine, jusqu’à ce que les dégâts causés soient irréversibles.

En évoquant l’hypertension artérielle, l’un des tueurs silencieux les plus courants, jusqu’à la moitié des individus atteints ne sont même pas conscients de leur maladie. Cette situation peut amener une personne hypertendue à poursuivre son quotidien, sans symptômes évidents, jusqu’à ce qu’une complication grave ne se manifeste, comme une perte de la vue ou une céphalée atroce.

C’est pourquoi il est fondamental de sensibiliser la population à propos des risques encourus par ces maladies non transmissibles. De nos jours, l’hypertension artérielle n’est plus une maladie exclusivement réservée aux personnes de âges avancés mais peut être diagnostiquée chez les jeunes adultes. En tant que professionnelle de la santé, je me suis ainsi tournée vers la santé publique, un monde vaste où il est possible de m’investir pleinement dans l’éducation et la prévention des affections.

Je m’efforce donc de conscientiser les gens à l’importance de la prévention en leur offrant des conseils éclairés sur les maladies non transmissibles. En effet, la prévention ne se limite pas à quelques actions ponctuelles, comme on pourrait le croire à première vue, mais englobe tout un éventail de domaines parfois peu connus tels que la politique de santé ou encore la gestion des structures de santé. Ce domaine est d’une richesse exceptionnelle et offre une palette de méthodes à explorer. Ma passion est axée sur la prévention des maladies elles-mêmes, tâchant ainsi, par tous les moyens, d’encourager la population à prendre soin de leur propre santé.

Comment et pourquoi l’association MLA a vu le jour ?

En 2016, je suis en plein parcours de formation médicale. Mon séjour, quant à lui, se fit dans le service de gynécologie, plus précisément dans l’unité dédiée à l’oncologie. Le commencement de mon stage coïncida avec la présence, dans les lieux, d’une femme qui, en cet instant, expirait littéralement. Elle souffrait d’un cancer du sein en phase avancée, dénué de tout espoir de guérison.

Le cas en question requérait une assistance palliative visant à éviter à la patiente de trépasser dans la douleur. Cette dame, dont la situation me touchait particulièrement, partagea avec moi, dans un souffle d’émotions, les paroles suivantes :

« Vous savez, docteur, je ne m’étais pas doutée, jadis, que cette maladie me projetterait aussi brutalement, ici, à l’agonie. Au départ, j’ai pris pour un petit abcès ce mal qui était déjà là, si bien que j’ai tout essayé pour y remédier : onguents, décoctions, médecins traditionnels et autres chimères. Malheureusement, lorsque je fus admise aux urgences du C.H.U. Sylvanus Olympio, il était déjà tard : le mal s’était généralisé. Docteur, si vous pouviez dire à toutes les femmes que cette maladie n’est point une malédiction, que cela n’a rien à voir avec une paire de noix ou de quelconques fadaises, qu’il s’agit bel et bien d’une réalité médicale, et que l’on peut la traiter dès lors qu’on s’y attelle. Si vous parveniez à faire cela, cela me comblerait de bonheur. »

Elle ne souffrait plus guère désormais, mais elle ne voulait pas que d’autres femmes endurent le sort qui était le sien. Ces paroles résonnèrent en moi tel un glas funèbre, me poussant à m’interroger sur mes valeurs et sur mes principes. Je ne saurais, à vrai dire, faire fi de cet appel à l’aide, cette litanie de l’urgence. Mon devoir était de relever le défi, de répondre à la détresse des nécessiteux, de faire face à l’injustice congénitale.

Crédit : Les Maternelles d’Afrique

C’est ainsi que je fondai MLA Rose, une association de jeunes médecins et d’étudiants en médecine, reconnue par les instances étatiques en charge de la santé. Depuis 2016, nous nous employons, avec acharnement, à éduquer la population aux préventions primaires et secondaires, afin d’organiser des dépistages et d’accompagner des patients souffrant de toutes formes de cancer à travers le pays.

Elle est basée à Lomé, au Togo, et dispose également d’antennes au Maroc, en France, en Allemagne et en Italie.

À ce jour, plus de 150 000 individus ont été éduqués sur la prévention du cancer du sein, tandis que plus de 200 000 autres ont été soumis à des dépistages rigoureux pour lutter contre le surpoids, l’obésité et l’hypertension artérielle. En parallèle, plus de 3 000 sacs de sang ont été prélevés pour renflouer les banques de sang, tandis que pas moins de 15 000 jeunes ont pris connaissance de leur statut hémoglobinique pour briser la chaîne de la drépanocytose au Togo.

Crédit : MLA
Crédit : SODOKIN Beauty

Le Togo se distingue par son expertise sur les pathologies non contagieuses autres que le fléau des cellules cancéreuses mammaires. De nos jours, le périple s’est révélé fructueux et ne souffre d’aucune résignation, notre finalité étant de perpétuer nos efforts à l’endroit de toutes ces consœurs qui ne devront être laissées sur la touche, de par leur défaut de prévention contre le cancer du sein, par exemple.

Crédit : MLA Rose

Notre association continue, avec constance et ténacité, de se consacrer à l’accompagnement altruiste des populations en situation de précarité, tout en usant de la rhétorique du plaidoyer, pour étendre notre impact sur la triade de la prévention, la prise en charge et la sensibilisation. Car il va sans dire que le coût de la prise en charge des cancers ou des maladies chroniques en général, revêt un caractère aussi exorbitant que dispendieux, nécessitant des traitements coûteux s’élevant au-dessus de plusieurs millions, en vue d’espérer une guérison.

Crédit : MLA Rose

Voici donc une maladie, que l’on qualifierait volontiers de la pathologie des riches, puisqu’elle est inaccessible financièrement pour les foyers démunis, pour qui cet état de fait peut s’avérer dramatique voire fatal. Voilà les raisons pour lesquelles, avec nos maigres ressources et compétences, nous dédions notre temps, notre énergie à ne jamais abandonner notre mission, qui s’inscrit dans le dessein de soutenir notre communauté.

Quel est votre rôle et vos responsabilités en tant que fondatrice cette association ?

En qualité de fondatrice, je me suis toujours tenue dans l’orbite de la coordination fluide de l’ensemble de nos activités, rassemblant en l’écrin de mon savoir-faire, l’essence de mes expertises aussi bien en prévention qu’en organisation. Dès lors, je m’assure de leur transposition en qualité de fondatrice, tout en ayant récemment mis en place une « Team Lead » travaillant sous l’égide de l’exécutif board.

Au sein de cette dernière, j’occupe la fonction en charge des partenariats et de la mobilisation des ressources, pourvu de la mission allouée de dénicher tous les leviers de soutien destinés à l’association, quels que soient les domaines afférents à leur nécessité, qu’ils soient logistiques, financiers, techniques ou autre, pour concourir à relever tout ce que nous avons comme défis.

Crédit : MLA

Au demeurant, il m’échoit l’inévitable responsabilité de consolider le socle de notre projet, en veillant à ce que celle-ci puisse s’inscrire dans la perspective de ses dix et vingt prochaines années, avec l’ambition précise de pouvoir damer le pion au cancer du sein, qui constitue l’un des principaux facteurs de mortalité chez la femme au Togo.

Parlons de l’initiative « Je sauve avec 3 kolos »

L’initiative « Je sauve avec 3 kolos » correspond à une progéniture singulière, issue de l’enveloppe de 20 millions que nous avons abouchée avec ardeur en novembre 2022. Bien que l’atteinte de cet objectif relève de l’utopie, nous sommes déterminés à œuvrer avec constance et conviction vers la cordée de l’espoir, même si celui-ci ne saurait être atteint à 100%.

Crédit : MLA

Cette tactique ingénieuse vise à mobiliser le concours collectif de tous, afin de colmater les fissures de cette situation problématique. Nous concevons que la cagnotte demeure parfois un prétexte aux abandons de cas de conscience, lorsqu’il s’agit de l’aide à autrui. Toutefois, nous imaginons qu’un simple don de 3000 francs CFA provenant d’environ 6500 âmes généreuses, suffirait à substantiellement concourir à la clôture de la cagnotte. C’est ce qui justifie notre initiative déterminée nommée « Je sauve avec 3 kolos ».

Crédit : MLA

Aussi bien nous avons eu la satisfaction de collecter quelques dizaines de petits monuments de 3000 francs CFA, certes insuffisants, mais non négligeables pour autant. Cette contribution partielle émanant d’un certain nombre d’âmes charitables, est néanmoins venue figurer dans le tableau de la cagnotte en cours, qui ne cessera de recevoir de nouveaux dons tout au long de l’année en cours.

Crédit : MLA Rose

Palier aux coûts colossaux relatifs à leur chimiothérapie, aux bilans post-chimiothérapiques, aux incessantes hospitalisations, voici la mission prioritaire que nous avons endossée ferme et déterminée. Nous incarnons donc le poumon financier de ces êtres que nous avons soigneusement sélectionnés avec l’aide des 2 CHU du Togo, des cas d’indigence parmi tant d’autres. La gestion issue d’un cancer se chiffre en millions de FCFA, de e sorte que pour notre association, apporter un soutien sans répit à une seule femme de A à Z, pour qu’elle en sorte victorieuse, relève d’une prouesse hors pair. Car la lutte contre le cancer exige non point une somme modique de 2000 FCFA, mais requiert un flux considérable de ressources financières.

Crédit : MLA Rose
Crédit : MLA Rose

À la base, il s’agit de patients qui disposent de faibles moyens. Nous avons pris la peine de tracer l’historique de certains de nos patientes, voire des cas que nous avons accompagnés gracieusement grâce à nos campagnes de levées de fonds. Il vous est donné désormais la possibilité d’arpenter et de comprendre la rudesse de cette indigence, à travers nos vidéos disponibles sur notre chaîne Youtube, car tel que véhiculée dans l’adage: « une image vaut mieux que mille mots ».

Crédit : MLA

Actuellement, nous sommes en train de réexaminer notre stratégie, qui, bien qu’elle demeure inchangée, fait l’objet d’un examen critique et approfondi. Nous songeons avec ferveur à étendre notre bienfaisance aux plus modestes structures, en créant des tirelires destinées à recueillir de modestes offrandes qui, cumulées, seraient d’un grand secours pour les usagers de ces structures, qu’elles soient de taille modique ou imposante. Car, comme nous l’avons souligné précédemment, notre initiative « Je sauve avec 3 kolos » n’est qu’un modeste élément d’une gigantesque cagnotte de 20 millions que nous avons lancée, dont la collecte se poursuit avec ténacité et persévérance.

Crédit : MLA Rose

Cependant, si nous ne parvenons pas à recueillir cette somme, ces femmes risquent fort de ne pas pouvoir mener à bien leur prise en charge, ce qui conduirait inexorablement à une fin tragique. Le cancer est une pathologie intrusive, impitoyable, qui nécessite une lutte acharnée et continue, et le moindre soutien est précieux. Ainsi, nous nous sommes résolus à commencer avec le minimum que nous avons collecté, tout en élaborant sans relâche des mécanismes susceptibles de parvenir à la finalisation de leur prise en charge.

Quant aux levées de fonds, nous envisageons des initiatives durables, permettant aux donateurs de contribuer, même de manière ponctuelle, avec des gestes modestes tels que des dons mensuels de 500 francs. En réalité, cela semble peu, mais sur une année, cela équivaut à 3000 francs, somme considérable pour les plus modestes. Si l’ensemble des Togolais adopte cette démarche, nous atteindrons rapidement notre objectif en aidant un maximum de personnes.

Crédit : MLA Rose

À long terme, nous souhaitons également consacrer une partie des dons à la recherche médicale, en vue d’améliorer jour après jour les prestations liées à la prise en charge d’une maladie aussi redoutable. Or, la recherche nécessite des montants considérables, mais nous demeurons déterminés à relever ce défi en mobilisant tous les moyens disponibles. Telles sont donc nos ambitions pour le court, le moyen et le long terme.

C’est donc l’occasion idéale de lancer un appel vibrant à tous les lecteurs de ce billet de blog, afin qu’avec la flèche d’aimantation de leur bonté, ils puissent déverser la générosité de leur cœur, pour porter secours à ces femmes victimes du cancer du sein, qui ne considèrent qu’en nous leur unique planche de salut.

Vous avez initié l’atelier de santé MLA Rose. En quoi cet atelier peut-il aider à autonomiser la jeune fille togolaise en matière de santé et de prévention du cancer du sein ?

La tournée d’ateliers « MLA Tour Rose », dédiée à la prévention du cancer du sein, vise à émanciper les jeunes filles des tabous corporels. Les séances permettent de les sensibiliser à l’auto-examen des seins, considéré comme clé pour détecter précocement la maladie. Outillées, les bénéficiaires deviennent des ambassadrices qui transmettent leur savoir à d’autres filles de leur communauté. Un engagement crucial dans le contexte africain où les sujets intimes restent souvent stigmatisés.

Crédit : MLA Rose

Selon vous, comment les réseaux sociaux peuvent-ils aider à éduquer les populations sur la prévention des maladies non transmissibles et sur la promotion de la santé en général ?

Nous pouvons considérer les réseaux sociaux comme une communauté virtuelle, à l’image d’une communauté physique, composée de personnes réelles et authentiques. Bien que leur nature soit différente, cette communauté virtuelle n’est en rien abstraite, car elle permet des échanges en temps réel, sans frontières géographiques ni contraintes spatio-temporelles. Ainsi, même un habitant de Dapaong peut, en un instant, lire un post émanant de Docteur Beauty, situé à Lomé, tandis qu’un Togolais résidant à l’étranger peut suivre mes publications en tant qu’abonné. Tout se passe donc comme si l’on faisait partie d’un même ensemble, réuni par la force des technologies modernes.

Comme dans la vie réelle, il est donc primordial de faire l’effort de marquer positivement notre communauté, quelle qu’elle soit. Ainsi, en tant que professionnel de la santé, j’essaie de produire du contenu explicatif sur des questions de santé pour mes abonnés, en employant une langue française facile d’accès afin de toucher un public le plus large possible. L’objectif est de permettre à chacun de s’approprier les notions essentielles pour comprendre la maladie, son développement, et les différents moyens de la prévenir.

En fin de compte, la clarté du message permet la mise en application efficace des conseils proposés pour lutter contre une pathologie donnée. Bien que mon emploi du temps soit chargé, je m’efforce de consacrer chaque minute disponible à un usage utile sur mes comptes de réseaux sociaux, en abordant la santé sous toutes ses facettes. La communication en 360 degrés est donc le principe directeur qui anime l’ensemble de ma démarche, qui tend à faire comprendre que la santé est une affaire de tous et que chacun de nous a un rôle à jouer dans ce domaine.

Comment envisagez-vous que la technologie, de nos jours, puisse être utilisée à bon escient pour améliorer l’accès à la santé ?

Cette problématique s’avère extrêmement étendue, tant les progrès technologiques ont grandement simplifié bon nombre de tâches. Désormais, celui qui est analphabète n’est pas celui qui ne sait ni lire ni écrire, mais plutôt celui qui ne maîtrise pas les notions fondamentales relatives aux Technologies de l’Information et de la Communication. En tant que jeune médecin convaincu, je suis fermement persuadé que le numérique et la technologie ont un rôle crucial à jouer dans les services de soins et la prévention des maladies. Il me suffit de prendre pour exemple l’usage de mes plateformes sociales, qui me permettent de communiquer efficacement avec un public large.

Avec Yvon KOUDAM, promoteur de la solution « Kondjigbale »

À titre illustratif, Le MedStudents Association a initié depuis quatre ans un projet novateur, baptisé « Mon statut hémoglobinique avec le docteur Beauty SODOKIN » ou encore « Mon bilan rénal avec le docteur Beauty SODOKIN« , afin de proposer un bilan de santé minimal à la population.

La Covid-19 a été l’occasion pour nous d’une réelle innovation numérique. Nous envisageons de toujours offrir des services de qualité, mais de manière inventive. Ainsi, nos campagnes ne sont jamais localisées dans un lieu unique, incitant les gens à s’y masser. Au contraire, elles couvrent l’ensemble de Lomé et ses banlieues, voire même d’autres villes comme Aneho, Anfoin et Amegran.

Comment organisons-nous les inscriptions ? Celles-ci se font par voie digitale, soit grâce à un message WhatsApp, soit via un lien Google Forms. En fonction des inscrits, que nous dirigeons vers l’une des cinquante structures, hôpitaux ou centres médicaux partenaires, accrédités par l’Etat, les personnes effectuent leur check-up dans un centre à proximité de leur domicile. Généralement, la durée d’attente ne dépasse pas cinq à dix minutes. Si les patients désirent récupérer les résultats physiquement, cela leur est possible.

Cependant, nous leur offrons aussi l’option de recevoir les résultats par mail, assortis de conseils pour les aider à prévenir les maladies ou les dysfonctionnements à dépister. Cette méthode n’est qu’une des nombreuses façons de marier technologies numériques et services de santé, que nous développons actuellement dans le but d’améliorer l’accès à la santé et aux informations sanitaires.

Comment les médias africains pourraient mieux couvrir les questions de santé et contribuer par la même à l’éducation de la population sur la prévention des maladies ?

Il est indéniable que les médias exercent une influence considérable sur notre vie quotidienne. Nous consommons indubitablement tout ce qui est offert par ces canaux, ce qui justifie pleinement l’engagement de ces derniers dans des programmes thématiques de santé, visant à contribuer à notre éducation.

La base pour un changement de comportement chez la population réside dans l’éducation. C’est l’alpha et l’oméga pour équiper l’individu lambda, n’étant pas forcément un praticien de la médecine, à avoir une idée globale sur un sujet donné afin de ne plus paraître ignorant. Car comme cela est clairement stipulé dans la Sainte Bible, l’ignorance tue, et cela est notamment dû à la carence de connaissances chez mon peuple.

Crédit : MLA Rose

En somme, la connaissance est fondamentale pour réduire les cas de décès dus à l’ignorance. Par conséquent, les médias doivent sans faute s’engager dans ce sens, et leur participation doit être en synergie avec des professionnels de santé qualifiés, afin de prodiguer des informations fiables et vérifiées. Il est impératif de mettre en lumière que nous parlons de la santé humaine, un sujet irréversible, ne tolérant aucunement l’erreur.

Quels sont vos conseils pour les jeunes médecins qui envisagent un jour de se spécialiser dans la prévention des maladies non transmissibles ?

Tout médecin se doit de se consacrer à la prévention. Hippocrate, considéré comme le pionnier de ce domaine, a lui-même énoncé maintes phrases qui mettaient en évidence l’importance cruciale de la prévention. À cet effet, il serait judicieux de suivre les pas de notre glorieux prédécesseur. Se spécialiser intégralement dans la prévention ne serait peut-être pas la panacée, mais il conviendrait de consacrer un peu de temps, même si la personne n’a pas nécessairement une spécialisation en santé publique.

Après tout, notre formation nous prodigue les compétences nécessaires à la fois pour traiter et prévenir. Et si nous prenions la responsabilité d’éduquer notre entourage, ne serait-ce qu’à un degré infime, nous pourrions constater des progrès substantiels. Certes, nous sommes des êtres humains et les décès sont inévitables, mais il ne devrait plus subsister de décès suite à l’ignorance.

Comment votre travail et vos efforts en matière de médecine préventive et promotion de la santé influencent ou peuvent influencer les politiques de santé publique au Togo ?

Je félicite votre amabilité courtoise et reviens sur un thème que j’avais précédemment abordé. Il est en effet indéniable que l’on ne peut évoquer la politique de la santé sans prendre en compte le rôle que les organisations de la société civile ont à jouer en la matière. Pour notre part, nous nous sommes engagés bénévolement à mettre notre temps et nos compétences au service de notre pays. Nous avons ainsi embrassé notre partition en travaillant ardemment pour atteindre nos objectifs.

Crédit : MLA Rose

Force est de constater que notre influence sur la communauté est importante. Lorsqu’on œuvre pour rendre tangible un résultat, cela produit inévitablement un impact. Nos efforts peuvent ainsi éveiller une réelle appétence chez les politiques pour résoudre rapidement les problèmes au cœur de notre engagement.

Crédit : SODOKIN Beauty

Quels conseils avez-vous pour ces jeunes femmes qui envisagent de se lancer dans une carrière médicale ?

En scrutant un instant les chiffres, il est aisé de constater qu’il existe une inégalité flagrante entre les genres au sein du champ de la médecine, où les représentants masculins y pullulent en quantité supérieure aux rares femmes médecins. Bien que cette discipline ne puisse en aucun cas être considérée comme exclusive ou fermée aux femmes, il est indubitable que ces dernières y restent en quelque sorte sous-représentées. Les prouesses accomplies par les pionnières passées ne suffisent pas à effacer les préjugés tenaces qui peuvent freiner les ambitions des générations suivantes.

C’est donc pour les jeunes filles, à qui je destine ces mots ainsi qu’à tout potentiel lecteur, que j’affirme aujourd’hui que rien n’est impossible. Nous sommes la source même de nos limites et dès lors que nous le désirons ardemment, nous sommes capables de surmonter les barrières. La médecine, bien loin d’être aisée ou simple, ne se résume qu’à une question de motivation, d’objectifs et de moyens. Quoi qu’il en soit, lorsque l’on se passionne pour quelque chose, nous sommes prêts à braver toutes les tribulations pour y parvenir.

Ainsi, si une jeune fille nourrit l’ambition de devenir médecin, elle doit avant tout savoir qu’en tout premier lieu, elle devra se munir d’un bac scientifique, du moins dans la configuration togolaise. Une fois admise à l’université, elle devra s’attendre à subir un concours supplémentaire pour passer en deuxième année. Et pourtant, la route qui s’étend devant elle ne fait que commencer, et le chemin qui la mènera à son titre est celui d’une combattante, voire même d’une guerrière. Mais nul ne peut nier que toutes les choses qui naissent ont une finalité, et si l’aspirante médecin est certaine de son dessein, elle mobilisera les ressources nécessaires pour concrétiser son rêve.

Comment votre expérience de la bourse Mandela Washington a-t-elle influencé votre travail ?

Le programme « Mandela Washington Fellowship » est une initiative du Département d’Etat américain, conçue sous la houlette du président Barack Obama. Elle ambitionne de dénicher des têtes pensantes inspirantes, des leaders lumineux dans leur communauté qui s’emploient avec conviction à engendrer un changement positif. J’eus l’honneur d’en faire partie, une expérience qui m’a propulsé vers une reconnaissance ultime en qualité d’Alumnus de cette illustre institution. Mes domaines d’études furent centrés sur le leadership et l’Engagement Civique, domaine dans lequel j’ai suivi une formation à Drexel University, en Pennsylvanie.

Crédit : Beauty SODOKIN

Dans le cadre de ma promotion, j’eus à effectuer un stage de perfectionnement aux côtés de mes pairs, chacun étant affecté à une mission spécifique. Pour ma part, je fus la seule à entreprendre une mission dans un hôpital américain, plus précisément chez UPMC, dédié exclusivement à la prise en charge des cancers féminins.

Le programme, qui fait figure de tremplin dans la vie des jeunes leaders africains, offre bien plus que des connaissances. Il permet une mise en relation, une connexion, une prise de contact avec des gens passionnés et engagés dans leur communauté. Des contacts que seuls les fellows peuvent entretenir avec les directeurs de structures telles que les hôpitaux, les universités, ou encore les mentors.

Crédit : Beauty SODOKIN

La cerise sur le gâteau, c’est d’obtenir à la fin, un diplôme d’une université prestigieuse, inaccessible pour la majorité des étudiants américains, et d’être habilité à afficher fièrement un certificat portant la signature du président des États-Unis. Cela confère un poids symbolique certain, une marque d’honneur qui accompagne les fellows tout au long de leur parcours professionnel. Cette reconnaissance leur rappelle constamment leur devoir envers leur communauté, leur motivation à ne jamais se laisser décourager, et leur obligation à continuer à œuvrer pour le bien-être collectif.

Actuellement, je suis en contact régulier avec des médecins fellows de divers pays africains. Ensemble, nous collaborons sur de nombreux projets et échangeons sur divers sujets. Ainsi, je confirme que le programme « Mandela Washington Fellowship » est une expérience extraordinaire qui peut changer le cours de votre vie, un véritable privilège qu’il faut souhaiter à tout jeune leader togolais.

Quels sont les partenaires qui accompagnent votre association ?

Ces structures et organisations nous ont accompagné depuis le début : le CARESP (Centre Africain de Recherche Étude en Santé Publique), le Ministère des Enseignements Primaire, Secondaire, Technique et de l’Artisanat, l’Ambassade des Etats-Unis au Togo, GIZ Togo, T-oil, Optic’s Eden, Davido Optic, Afrikelles, KD Group, Jojo Photography, Asm, CESTOM.

C’est l’occasion de leur témoigner toute notre marque de reconnaissance.

Votre mot de fin

Je vous suis infiniment reconnaissante, pour le temps que vous m’octroyez. En tant que médecin, je suis constamment animé par une passion indéfectible pour le bien-être de mes semblables. Je suis sensible à la douleur que ressentent ceux qui souffrent et m’efforce, de manière assidue, de promouvoir leur santé optimale.

Dans cette perspective, j’exhorte les esprits bienveillants qui parcourent cet écrit à participer, sans ambages, à la cagnotte que nous avons établie. Afin de faciliter leurs contributions, je leur recommande de prendre contact avec l’association, par le biais du numéro suivant : 92 88 88 22. Ou par virement bancaire : 141197009001 et via PayPal : medstud.leaders@gmail.com

Par ailleurs, je les invite à s’informer, via nos comptes de réseaux sociaux (Facebook, Twitter, LinkedIn, YouTube, Instagram, TikTok), sur l’évolution de nos activités et de nos accompagnements en faveur des femmes. Ces canaux leur permettront de suivre l’avancement de la cagnotte et de prendre part, en toute transparence, à nos initiatives altruistes.

Pour ceux et celles qui souhaitent s’impliquer activement dans la préservation de leur santé, je les encourage à suivre assidûment les publications du Docteur Beauty SODOKIN sur l’ensemble de ses canaux de communication. Je vous remercie.

Crédit : Beauty SODOKIN
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