Kondjigbalé : Yvon Koudam révolutionne la santé numérique au Togo

Article : Kondjigbalé : Yvon Koudam révolutionne la santé numérique au Togo
Crédit: Yvon KOUDAM
19 juin 2023

Kondjigbalé : Yvon Koudam révolutionne la santé numérique au Togo

Yvon Koudam, co-fondateur de Kondjigbalé, partage son parcours inspirant et l’évolution de son projet qui vise à simplifier la gestion des données de santé au Togo. Il y dévoile dans cette entrevue, les sinuosités énigmatiques de son périple exaltant et la métamorphose graduelle de ce projet vénéré. Plongez dans l’exploration captivante de sa plateforme, pilier incontournable de l’écosystème de la santé numérique, et scrutez les défis coriaces qui se dressent devant cette noble entreprise, cherchant à ancrer un système pérenne tout en préservant l’intégrité sublime qui la caractérise.

Propos recueillis par Gilles LAWSON


Kondjigbalé, une innovation audacieuse et salutaire, dévoilez-nous les péripéties de la genèse de ce projet révolutionnaire et son idiosyncrasie.

Yvon KOUDAM : Ce projet est né de mon vécu, lorsque j’ai failli perdre mon neveu en raison de l’oubli de son carnet de santé. Il a eu une urgence médicale et il était essentiel de connaître ses antécédents médicaux. Heureusement, le carnet a été retrouvé à temps et grâce à Dieu, il a pu être soigné. C’est après cette mauvaise expérience que j’ai nourri l’idée de mettre en place une solution permettant de centraliser les données de santé et de les rendre accessibles à tout moment et en tout lieu.

En 2019, une opportunité de concours entrepreneurial s’est présentée. J’ai formé une petite équipe de 3 personnes et nous avons décidé d’y participer. Grâce à Dieu, nous avons remporté le 1er prix. Quelques mois plus tard, un autre concours d’innovation national a été lancé, et une fois de plus, nous avons soumis le même projet et avons remporté le premier prix. C’est à ce moment-là que nous avons pris conscience du potentiel de notre projet et de l’univers de l’entrepreneuriat. Ainsi est né ce projet.

Aujourd’hui, la santé numérique s’épanouit de manière sporadique sur le territoire togolais. Comment Kondjigbalé compte-t-elle se greffer à l’écosystème actuel et prospérer en symbiose avec celui-ci ?

Yvon KOUDAM : Chez Kondjigbale, dans un premier temps, nous avons passé plusieurs années à scanner l’écosystème entrepreneurial et le domaine de la santé numérique au Togo. Dans un second temps, et pour répondre à votre question, nous prévoyons de nous greffer sur les mécanismes existants tout en innovant et en proposant de nouvelles solutions adaptées.

Quel bilan dresseriez-vous de la santé numérique au Togo ? Quels en sont les avancées les plus palpables et les défis à relever pour asseoir un système pérenne ?

Yvon KOUDAM : La santé est un besoin social essentiel. Aujourd’hui, le pays a considérablement évolué en termes de réformes et d’amélioration des conditions de vie de la population. Le chef de l’État l’a récemment souligné en déclarant, je cite : « Quand je vis au Togo, je dois avoir la satisfaction de certains besoins : l’eau, l’électricité, l’éducation, la santé et la fibre Internet. » Ces deux derniers éléments, la santé et l’Internet, sont particulièrement pertinents pour notre environnement de travail. C’est donc sur cet objectif national que nos missions s’alignent.

En ce qui concerne les défis à relever, je dirais qu’en matière de santé numérique, le domaine est moins avancé par rapport à d’autres secteurs d’activité tels que l’éducation, l’agriculture, le transport et la logistique, etc. Je ne dis pas que l’e-santé est en retard, non. À l’échelle mondiale, il y a eu de nombreuses avancées, où il est aujourd’hui possible de sauvegarder des données sur un brin d’ADN, comme on le ferait sur une clé USB.

Cependant, au Togo, il reste encore du chemin à parcourir. Déjà Il faut que les institutions de la santé au Togo soient plus ouvertes et réceptives à l’application des nouvelles technologies à leur processus métiers. Néanmoins plusieurs initiatives e-santé qui sont mises en place, il y a en a qui sont en cours, telles que le programme Wezou et le programme School Assur, qui s’appuient sur la technologie USSD. Et bien sûr, mes confrères entrepreneurs dans le domaine de la santé numérique font un excellent travail pour rendre les services de santé accessibles à tous via les outils digitaux.
En termes d’avancées actuelles au Togo, je peux mentionner en premier lieu la construction d’un hôpital de référence, qui représente un espoir pour des soins de qualité. De plus, le pays s’engage dans la mise en place de l’assurance maladie universelle et de l’identification biométrique. Ce sont des avancées qui pourront stimuler le domaine de la santé numérique et favoriser l’émergence de solutions durables.

Pourquoi Kondjigbalé surgit-elle maintenant comme l’étoile fulgurante de la santé numérique au Togo ? Quels ont été les déclencheurs et les éléments catalyseurs de sa mise en ligne imminente ?

Yvon KOUDAM : Une mise en ligne imminente pour ne plus faire attendre la population ; pour venir en aide à la population et répondre aux besoins des communautés. Vous savez, il arrive un moment où tout s’aligne. Nous pensons que le moment est venu de nous ouvrir au grand public. Il est vrai que l’on parle de nous depuis un moment et il est également essentiel d’écouter et de répondre aux besoins des populations qui s’impatientent de bénéficier de nos services.
Nous avons réalisé un travail approfondi pour comprendre le fonctionnement du domaine dans lequel nous évoluons. Nous pensons que le moment est venu. Nos services sont enfin prêts à être consommés à grande échelle.

En ce qui concerne les défis, quels sont les enjeux majeurs auxquels Kondjigbalé devra faire face pour s’imposer dans le paysage sanitaire togolais et s’ériger en modèle pour la sous-région ?

Yvon KOUDAM : Nos défis majeurs résident dans les changements de comportement. Cette ouverture au grand public nous permettra de découvrir au-delà des études les attentes réelles des populations. Nous aurons donc pour défi de répondre à tous ces besoins. L’innovation entrepreneuriale, en particulier technologique, nous permet d’aller rapidement, mais elle nous donne également la possibilité de changer les habitudes. Les populations africaines sont souvent réticentes à l’utilisation des nouvelles technologies.

Ainsi, l’un de nos défis consiste à sensibiliser les populations aux avantages de cet outil et à démontrer comment il peut avoir un impact positif sur leur quotidien, que ce soit pour les médecins, les patients, les populations les plus reculées, les décideurs et même l’État.

Un autre défi que je souhaite mentionner concerne la sécurité. Nous devons être extrêmement vigilants quant à la gestion, la collecte et le traitement des données de nos utilisateurs. Étant donné que nous prévoyons d’avoir un trafic énorme sur notre plateforme, il est primordial de maintenir une surveillance constante.

Kondjigbalé dispose de plusieurs canaux ingénieux pour atteindre tous les citoyens, même les plus éloignés des réseaux numériques. Comment avez-vous conçu ces interfaces et moyens de communication pour que les acteurs de la santé s’en emparent aisément ?

Yvon KOUDAM : Dans nos démarches de conception de notre solution, nous avons segmenté notre cible et nous avons cherché à apporter une satisfaction maximale à chaque segment. Personnellement, j’ai suivi des études en informatique et j’ai travaillé pendant plusieurs années au sein d’une startup numérique. Avec une expérience de 10 ans dans le domaine des nouvelles technologies, j’ai pu mettre en application ce que j’ai appris sur le terrain, en travaillant aux côtés d’experts de la transformation digitale et de l’économie numérique.

De plus, notre phase pilote dans les hôpitaux nous a révélé de nombreuses lacunes dans les premières versions de notre application. C’est en tenant compte de toutes ces activités que nous avons mis en place ces différents canaux. Nous avons adapté notre solution à toutes les couches sociales, de l’élite bureaucratique aux citoyens non instruits, des citadins aux populations les plus éloignées, des jeunes adeptes des smartphones aux personnes âgées utilisant des téléphones à touches, en passant par la population adulte.

Afin de faire résonner Kondjigbalé au-delà des frontières du Togo, quelles sont les actions prévues pour étendre son influence et fortifier son déploiement dans les autres pays de la sous-région ?
L’un des objectifs de toute startup est de s’étendre à l’international, et c’est également notre souhait. Pour atteindre cet objectif, nous avons mis en place une stratégie en plusieurs étapes. Tout d’abord, nous devons nous ouvrir au grand public, puis étendre notre présence à l’ensemble du territoire national et valider notre produit auprès de la population.

Une fois que notre produit sera stable et largement adopté dans notre pays, nous pourrons entamer les démarches pour nous implanter dans d’autres pays. Le choix de ces prochaines destinations sera délicat et dépendra du climat des affaires de chaque pays. Lorsque le moment viendra, nous aurons acquis l’expérience nécessaire pour mener nos activités dans d’autres pays que le Togo.

Je tiens cependant à vous rassurer que notre plateforme numérique a été conçue dès le départ pour prendre en compte les spécificités de chaque pays. Nous n’avons pas développé notre solution uniquement pour le Togo. Une fois que les nouvelles destinations seront définies, il pourra y avoir quelques ajustements mineurs pour adapter notre produit au nouvel environnement.

Les démarches administratives peuvent parfois entraver le développement d’initiatives numériques novatrices. Comment Kondjigbalé aborde-t-elle ces formalités pour accélérer sa mise en œuvre et garantir une adoption rapide ?

Yvon KOUDAM : Oui, bien évidemment. Les démarches administratives sont essentielles pour la survie d’un projet innovant. Une startup qui est en règle sur le plan administratif est une startup qui prospère. Il est impossible d’exercer une activité dans un pays sans être en conformité avec les lois et réglementations qui encadrent ce domaine. Cela reviendrait à exercer illégalement.

Concernant Kondjigbale, nous avons effectué toutes les démarches nécessaires pour être en règle. Nous avons obtenu les autorisations requises pour mener à bien nos activités, et nous continuons de solliciter ou de négocier de nouvelles autorisations. Parfois, nous recherchons des sponsors pour nous soutenir financièrement ou pas afin d’obtenir des certifications.

Nous accordons une attention particulière à toutes les démarches administratives au sein de notre entité et nous prenons toutes les dispositions nécessaires pour effectuer toutes les formalités. Nous avons un responsable juridique dans notre équipe qui nous aide au mieux dans ces démarches. La preuve avant cette ouverture au grand public nous avons fait tout le nécessaire pour être conforme aux règlementations. Parce qu’avant nous fonctionnons en intranet et il n’avait pas trop d’expositions.

Kondjigbalē se hissera-t-elle comme la référence incontestée de la santé numérique dans la sous-région ? Quels sont les critères, indicateurs et barèmes qui permettront de mesurer son succès au fil du temps ?

Yvon KOUDAM : C’est notre ambition. Aujourd’hui, il existe de nombreux indicateurs qui démontrent que le numérique nous permet de réaliser des tâches facilement et efficacement, sans dépenser beaucoup d’énergie ni d’argent.

Au Togo, il n’existe aucune application permettant de prendre rendez-vous en ligne et de bénéficier d’une consultation médicale de bout en bout. De plus, les pandémies telles que le COVID-19 mettent en évidence la nécessité d’améliorer nos systèmes de santé, et un système comme le nôtre serait le bienvenu.

Les besoins en matière de santé sont communs à toutes les populations de la sous-région ouest-africaine. Les zones médicalement désertiques sont de plus en plus étendues.
Enfin, il est important de souligner que l’OMS soutient la pratique de la télémédecine et a mis en place un cadre réglementaire à cet effet.

Enfin, quelle est votre vision à long terme pour Kondjigbalē ? Comment envisagez-vous son évolution et les opportunités de croissance futures dans le cadre changeant et dynamique de la santé numérique ?

Yvon KOUDAM : Notre vision à long terme est de devenir l’assistant de santé pour tous les Africains, voire pour le monde entier. Nous souhaitons intégrer ce nouvel outil dans le quotidien de chacun, permettant ainsi une gestion facile de sa santé.

En ce qui concerne notre croissance, nous avons une grande ambition et nous avons déjà des idées de nouvelles fonctionnalités et de partenariats avec diverses institutions. Ces collaborations nous aideront à améliorer nos services, à promouvoir une nouvelle mentalité, à créer des emplois, à donner de l’espoir et, surtout, à sauver des vies.

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