OTOU Aid Kodjo : L’entrepreneur audacieux qui redessine l’horizon du BTP en Afrique

Article : OTOU Aid Kodjo : L’entrepreneur audacieux qui redessine l’horizon du BTP en Afrique
Crédit: OTOU Aid KODJO
24 mai 2023

OTOU Aid Kodjo : L’entrepreneur audacieux qui redessine l’horizon du BTP en Afrique

OTOU Aid Kodjo, portrait d’un jeune et vaillant Togolais. Arborant la trentaine accomplie, et formé en génie civil, il se passionne pour l’œuvre de la construction et réinvente sans cesse les règles de ce noble art. L’esprit bouillonnant d’idées novatrices, il incarne l’essence même de l’innovation et la quintessence de la technologie. À son arc, il a à présent deux flamboyantes entreprises d’ingénierie qui font honneur à sa prestigieuse renommée, ainsi qu’une entreprise de haute couture. Découvrons la personne à travers cette lecture.

Propos recueillis par Gilles LAWSON

Qu’est-ce qui vous a inspiré à devenir entrepreneur dans l’industrie de la construction ?

OTOU Aid Kodjo : Je suis né d’un mariage fusionnel entre la passion des hauteurs et l’amour du bâtiment. Mon père, « virtuose » du BTP, faisait jaillir des édifices majestueux de toutes les parcelles de terre qu’il touchait. Inspiré par sa persévérance et porté par une fascination grandissante, j’ai pris cet héritage pour mien. Très tôt, déjà, je me retrouvais parmi les ondulations de la poussière de ses travaux, assistant ébahi à ces œuvres immortelles. C’était en 1996, 1997, 1998, 1999, jusqu’en l’an 2000. J’ai été pris dans des remous de curiosité. Mon seul désir était alors de reproduire ses exploits, explorer un art que je sentais bouillonner en moi. Un art où les lignes sont très bien dessinées, où la plume dansante transcrit les arcanes de l’imagination, un art qu’on appelle architecture.

Mes sens étaient exaltés, mes croquis époustouflants et j’ai su que là était ma place, parmi la pléiade de grands bâtisseurs, porteurs de rêves. C’est ainsi que j’ai choisi le génie civil, cet art d’ériger des constructions monumentales. Après mon bac scientifique, j’ai été précipité vers des études supérieures, sur un chemin vermoulu et ardu, pour explorer les recoins de cette discipline.

Crédit : Visual Art Studio

Quels sont ces défis que vous avez ou les plus importants, s’il y en a plusieurs que vous avez rencontrés au cours de votre parcours entrepreneurial ?

OTOU Aid Kodjo : Les défis sont les sculpteurs de notre être, les pions qui nous élèvent vers des étapes supérieures, les mises à jour qui transforment notre essence et notre œuvre. Ils sont omniprésents, tels des compagnons indissociables de tout jeune entrepreneur.

Les défis se dressent en rangs serrés, à chaque tournant de notre vie professionnelle, obstruant notre chemin et nous poussant à puiser dans nos ressources intérieures pour les surmonter. Hélas, l’éducation souvent en décalage avec les réalités du monde, nous laisse sans défense face à l’entrepreneuriat, terrain de jeu impitoyable. C’est donc en autodidacte que nous nous lançons dans cette aventure périlleuse.

Nous sommes confrontés à des difficultés liées à la constitution de notre équipe, à la maîtrise des systèmes de gouvernance et de management adéquats. Les premières entreprises sont des parcours semés d’embûches, où les mauvaises décisions conduisent inexorablement à la chute. Des dettes s’accumulent et la débâcle est proche. Les lacunes en gouvernance et en management m’ont fait chuter à mes débuts, engendrant des dettes de 40 millions de FCFA.

L’accès au financement, un autre obstacle majeur, est une réalité bien connue. Mais c’est en puisant dans notre résilience et notre ténacité que nous nous relevons de nos échecs, plus forts et plus avertis.

Quelles sont les valeurs et principes qui vous tiennent à cœur ?

OTOU Aid Kodjo : Je suis comme un phare qui offre sa lumière aux marins perdus en mer. Etre sociable est pour moi comme une boussole qui m’oriente vers les contacts humains. L’Homme est le sel de la terre, dit-on, et je mets un point d’honneur à le mettre au centre de chacune de mes réflexions.

Je me définis comme une mélodie sociale, accordant une valeur incommensurable à l’humain. Mes projets s’érigent sur ce fondement sacré, puisent leur essence dans l’humain, et s’épanouissent pour former un arbre robuste et chargé de fruits.

Aussi, la ténacité m’anime, comme un roc imperturbable face aux tempêtes, animé par l’essence de l’honnêteté, de l’intégrité. Je suis également le gardien de l’excellence, où le labeur et la discipline s’unissent en une danse d’accomplissement. Chaque projet bien fait, chaque travail rigoureux et discipliné, est une perle rare, façonnée par mes valeurs. Ainsi se dessine le visage de ma personnalité, baigné de ces valeurs qui éclairent ma route vers l’épanouissement.

Pourquoi « Edole Africa » ?

OTOU Aid Kodjo : « Edole Africa » transcende le simple statut d’entreprise pour devenir une essence même, un concept vibrant, une harmonie de vie. Elle s’élève avec force, clamant « Il y a du travail en Afrique », prônant un développement forgé par les fils de cette terre, pour les enfants de cette terre. Notre nom, captivant et enraciné dans notre dialecte ancestral, résonne et proclame la grandeur du travail en Afrique.

Ainsi, nous avons saisi cette réalité pour interpeller la jeunesse africaine. Car aujourd’hui, plus de 60% de notre continent est nourri par une jeunesse avide, et d’ici 2025, 60% de nos terres verront éclore des âmes en fleur. Il est impératif de conscientiser cette jeunesse, de lui faire saisir l’enjeu vital que l’Afrique affronte, une force et un défi qui se dessinent dans sa jeunesse. Elle peut être notre salut, tout autant qu’une vulnérabilité. Nous devons guider cette jeunesse, lui permettre de redécouvrir ses innombrables potentiels, pour qu’elle comprenne qu’elle est la maîtresse de notre destin.

À travers le concept d’« Edole Africa », nous créons un impact retentissant, générant emplois et prospérité dans le domaine du génie civil, mon domaine de prédilection. Notre objectif premier, comme je l’affirme, est d’éveiller la conscience de la jeunesse africaine, de lui révéler ses propres pouvoirs et de façonner un nouveau paradigme dans le secteur du BTP, afin d’optimiser les résultats sur les chantiers, au Togo et en Afrique.

Qu’est-ce que vous pouvez dire également aux jeunes, peu importe leurs différents niveaux, leurs grades qui aspirent un jour à devenir aussi entrepreneur ?

OTOU Aid Kodjo : Dans cette vaste symphonie de la vie, il est impératif de comprendre que le projet engendre la richesse, et non l’inverse. L’argent n’est qu’un humble disciple du projet. Ainsi, armons-nous de cette mentalité, car même si un milliard de FCFA nous était offert, sans un projet solide, sans le labeur d’un humble début, cette fortune s’évanouirait telle une fumée éphémère, nous ramenant au point de départ, à la case initiale. Car les bonnes choses de la vie se tissent à travers un processus patient, où les raccourcis ne sont que chimères, de trompeuses sentes.

Acceptons de partir de l’infiniment petit, d’embrasser l’orientation « solutions » plutôt que de flirter avec les écueils des problèmes. Je le proclame avec conviction, ce sont les solutions qui suscitent les problèmes, et non l’inverse. À chaque écueil rencontré, sachez qu’une solution préexistait en amont. Lorsque notre boussole pointe vers les solutions, notre regard s’élargit à 360 degrés, permettant d’identifier les voies propices à notre avancement. Mais lorsque nous nous focalisons sur les problèmes, notre attention se fige, nous empêchant de pivoter à 360 degrés à la recherche de la solution. Un problème recèle mille solutions. Ainsi, je dis à la jeunesse de croire en sa propre essence, de forger sa valeur intrinsèque, car nous sommes les dépositaires des solutions à nos aspirations. Le problème réside rarement dans autrui, mais bien en nous-mêmes.

Lorsque nous prenons la décision d’agir, entourons-nous de ceux qui ont déjà parcouru ce chemin, ceux qui peuvent contribuer à la réalisation de nos objectifs. Équipons-nous, enrichissons notre valeur, car nul ne peut investir en nous tant que nous-mêmes ne sommes pas prêts à le faire.

Comment voyez-vous l’avenir de l’industrie de la construction au Togo, et par ricochet en Afrique ? Et quelle est votre contribution ?

OTOU Aid Kodjo : Dans les méandres de l’industrie de la construction togolaise, une évolution imposante se déploie telle une fresque en perpétuelle métamorphose. Jadis, les gouvernements passés se consacraient avec ardeur aux grands chantiers. Depuis 2005, sous l’égide de Son Excellence Faure GNASSINGBE, de grands projets ont été entrepris et se poursuivent, amenant avec eux un vent de progrès. Aujourd’hui, le nombre d’entreprises du domaine de la construction a connu une expansion considérable, et leur niveau de compétence s’est élevé en parallèle. Certes, l’accès aux ressources nécessaires pour mener à bien ces travaux est devenu une épreuve délicate. C’est dans cette optique que nous avons créé l’outil « Edole AFRICA », une porte d’entrée vers un éventail d’outils, de ressources humaines et logistiques à la portée de toutes ces entreprises de l’industrie de la construction.

Ainsi, notre défi s’élève comme un hymne collectif, où chaque acteur – autorités publiques, ministères de tutelle, entreprises privées – joue un rôle fondamental. En tant qu’institution se tenant au carrefour des aspirations, nous nous efforçons de satisfaire toutes les parties prenantes. Ce défi commun requiert un effort concerté, et je perçois une nette amélioration dans les travaux du domaine de la construction. Les réunions que nous observons, les chantiers en activité témoignent de la vision des ministères de tutelle et du gouvernement, qui, je le crois, nous mènera à un taux de satisfaction d’exécution des travaux dépassant les 70 % d’ici cinq ans. Actuellement, nous sommes loin de ce seuil, bien qu’il me faille souligner que cette déclaration est provisoire.

À travers diverses techniques, stratégies et initiatives des ministères concernés, ainsi que notre présence au sein de l’écosystème, notre objectif est d’atteindre un taux de satisfaction d’exécution des projets de construction supérieur à 70 % d’ici 2030. Par ricochet, nous savons pertinemment que le développement d’un pays repose sur ses routes, ses infrastructures, et dans la vision de nos nations, qu’il s’agisse du Togo ou d’autres pays, la construction de routes solides, capables de servir véritablement les populations, occupe une place prépondérante. Je constate que tous les pays d’Afrique de l’Ouest, et au-delà, s’emploient ardemment à mener à bien cette mission.

En tant que continent où se jouent les destinées des cinquante à cent prochaines années, je crois en un avenir radieux tracé par l’industrie de la construction. Pour moi, il est impératif que nous relevions avec succès le défi d’« Edole AFRICA », afin de contribuer à rendre l’Afrique aussi habitable et majestueuse que les autres continents.

D’ici 2030 à 2035, « Edole AFRICA » ambitionne de devenir la plus grande banque virtuelle de fourniture de ressources techniques, matérielles et humaines dans le domaine du BTP. Notre ambition première est de satisfaire notre plan de maillage du territoire togolais d’ici 2025, en suivant une stratégie d’évolution progressive. À partir de 2025 jusqu’en 2030, notre objectif est de nous implanter dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest. Puis, de 2030 à 2040, notre conquête s’étendra à l’ensemble du continent africain.

Tel est notre dessein pour l’industrie de la construction. En terminant, je vous informe que depuis un an, nous travaillons activement à l’ouverture de nos premières filiales en Côte d’Ivoire et au Bénin, qui sont déjà à pied d’œuvre. Bientôt, nos portes s’ouvriront dans ces contrées prometteuses.

Parlez-nous des « Awards du BTP »

OTOU Aid Kodjo : Les « Awards », voilà un terme que tout un chacun connaît de nos jours. Cependant, ce que nous tentons de réaliser dépasse cette simple appellation. Nous nourrissons une vision pour l’industrie de la construction, une vision qui vise à promouvoir l’excellence, à inciter les acteurs du domaine à se surpasser dans leurs activités quotidiennes. C’est pourquoi nous avons uni nos forces à celles de « Pro Concept », une entité de communication partageant notre ambition d’améliorer l’écosystème entrepreneurial dans son ensemble au Togo.

Notre objectif est de mettre en lumière tous ces regroupements qui, d’une manière ou d’une autre, parviennent à se démarquer, à accomplir des prouesses dans le domaine de la construction. Nous souhaitons ainsi assurer la durabilité des ouvrages et des routes que nous édifions, dans le but d’améliorer le quotidien du citoyen togolais lambda. Notre concept récompensera les acteurs et les entreprises qui se sont distingués. Mais nous allons encore plus loin que bon nombre d’organisations décernant des Awards.

Nous ne nous focalisons pas sur les ressources financières dont disposent ces acteurs ou entreprises, mais sur les résultats qu’ils obtiennent, sur l’impact qu’ils génèrent. Nous souhaitons les motiver à persévérer dans cette voie, à toujours s’améliorer, tout en lançant un avertissement, un message aux autres qui, parfois, présentent des lacunes dans leurs réalisations, des routes mal conçues qui se détériorent avec le temps, affichant des nids-de-poule seulement trois, quatre ou cinq ans après leur livraison. Notre objectif est de pousser les individus à se surpasser, à viser des routes qui resteront impeccables pendant au moins vingt ans.

Votre mot de fin

OTOU Aid Kodjo : Je vous suis reconnaissant de cette occasion qui nous est offerte de dévoiler un brin de ce que nous accomplissons. Tel que je l’ai largement exprimé, l’Afrique se présente comme le terrain de jeu où le monde entier évoluera au cours des cent prochaines années. Une vérité connue de tous, à l’exception de l’Africain qui ignore que les enjeux se situent chez lui. C’est donc notre mission de rappeler cela aux esprits et de nous mettre à l’ouvrage, car c’est uniquement à travers le labeur que nous relèverons ce défi colossal, sachant que le travail peut nous gratifier de tous nos rêves. Il est désormais impératif que la jeunesse africaine rêve à une échelle gigantesque. Je vous adresse mes remerciements les plus sincères.

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Commentaires

Kossiwa SAMA
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Vous faîtes la fierté de l'Afrique