La symphonie de l’entrepreneuriat africain : Mohamed Nour Diarrassouba à la baguette du changement ?

Article : La symphonie de l’entrepreneuriat africain : Mohamed Nour Diarrassouba à la baguette du changement ?
Crédit: Mohamed Nour Diarrassouba
19 mai 2023

La symphonie de l’entrepreneuriat africain : Mohamed Nour Diarrassouba à la baguette du changement ?

Parti à la recherche de réponses à l’inégalité et au potentiel inexploité de l’Afrique, Mohamed Nour Diarrassouba se profile comme un entrepreneur, apportant des idées novatrices et une vision éclairée pour un avenir prometteur sur le continent. L’homme partage dans cette entrevue, sa passion pour l’Afrique et sa détermination à transformer le continent en un foyer de prospérité.

Propos recueillis par Gilles LAWSON

Le réveil des questionnements

Il est parfois ardu de se définir soi-même. Pourtant, Mohamed Nour Diarrassouba embrasse avec fougue une passion pour l’Afrique qui l’anime depuis son départ, à l’âge de 17 ans, vers l’Europe. Dans cet élan, il fut saisi par une double frustration : celle de provenir d’un continent aux richesses abondantes et au potentiel immense, mais dont la valorisation demeurait insuffisante.

Ces constats ont nourri une profonde réflexion intérieure, éveillant une multitude de questionnements sur son rôle dans le développement de l’Afrique. Parti ensuite pour le Canada, ces questionnements persistaient, inlassablement. C’est alors qu’il prit conscience de l’opportunité de s’investir sur le continent qui l’a vu naître. Ainsi naquit son entreprise de conseil dédiée à l’accompagnement des PME souhaitant s’implanter en Afrique. Depuis 2017, il a déjà apporté son soutien à une centaine d’entrepreneurs, mais il souhaitait aller plus loin.

Intégrer l’écosystème africain

Conscient de l’importance d’une action concrète au cœur du continent, Mohamed Nour Diarrassouba a fondé l’OAE (Organisme d’Accompagnement Entrepreneurial), un organisme entièrement gratuit. Son objectif est de guider les entrepreneurs locaux dans la création et le financement de leur entreprise, créant ainsi un écosystème favorable à leur essor.

Mais ce n’est pas tout. L’engagement de Mohamed Nour Diarrassouba s’étend au-delà des frontières. En tant qu’intervenant lors de conférences internationales dans de nombreuses écoles, il partage son expertise sur des thèmes tels que le leadership, la jeunesse et l’entrepreneuriat. Ses formations ont bénéficié à de nombreux pays, de la France au Maroc, en passant par le Canada et la Belgique, propageant ainsi sa vision à travers le monde.

La voix de la politique et de l’écriture

En parallèle, Mohamed Nour Diarrassouba est à la tête d’une entreprise de communication politique. Ayant exercé en tant que directeur de campagne pour le compte du Parti Libéral au Canada, il a rejoint l’équipe de campagne de l’ancienne vice-première ministre du Québec, Dominique Anglade. Suite à cette expérience, il a fondé sa propre entreprise, spécialisée dans la communication politique et la gestion de campagnes électorales. Ainsi, il collabore avec des décideurs politiques du monde entier, offrant son expertise pour construire des stratégies impactantes.

Enfin, Mohamed Nour Diarrassouba est également auteur du livre « Mon rêve africain« . Dans cet ouvrage, il expose la vision d’une Afrique à explorer, une Afrique que la jeunesse peut et doit façonner. À travers cet ouvrage, il invite les jeunes à unir leurs voix, à exprimer leurs revendications auprès des dirigeants à leur proposer des solutions concrètes.

« Mon rêve africain » : Une vision audacieuse pour une transformation durable

Lorsqu’on aborde la question de la sécurité alimentaire, Mohamed Nour Diarrassouba déplore le constat amer : 630 millions d’hectares de terres arables demeurent inexploitées sur notre continent. Il souligne le potentiel inexploité de l’Afrique, tant sur le plan climatique que sur celui de la fertilité des sols, propices à une agriculture florissante.

Dès lors, le fardeau qui pèse sur nos économies réside dans la concentration des investissements dans les industries extractives. Nous récoltons les richesses, les envoyons à l’étranger pour les transformer, puis nous les rachetons à un prix exorbitant. Cette réalité entrave le développement du secteur agricole et de la santé alimentaire.

Selon Mohamed Nour Diarrassouba, il est impératif que l’alimentation et l’agriculture deviennent le point central de nos politiques. Ce que nous mangeons façonne notre devenir. L’alimentation est l’essence vitale qui définit notre santé, puis ouvre la voie à une réflexion sur le domaine agricole et ses enjeux. Ainsi, l’entrepreneuriat joue un rôle fondamental dans cette transformation.

Il est essentiel d’encourager les jeunes à embrasser ce secteur souvent négligé, en stimulant la création d’entreprises agroalimentaires. Il convient également de soutenir les jeunes agriculteurs à travers des start-up novatrices, en leur offrant des formations adaptées et des mécanismes de financement appropriés. Ces initiatives permettront la création d’emplois dans le domaine agricole, l’accroissement de la productivité et l’accomplissement de réalisations concrètes. Paradoxalement, la productivité des agriculteurs africains est actuellement inférieure à celle de leurs homologues européens ou américains, alors même que leur potentiel de productivité est plus élevé.

Le potentiel est manifeste, les opportunités dans ces secteurs sont vastes. Et Mohamed Nour Diarrassouba exhorte nos États à accompagner les entrepreneurs, à investir dans leur formation et à créer un écosystème propice à l’émergence d’un intérêt accru des jeunes pour l’agriculture. Il est primordial de briser l’image selon laquelle ce domaine est réservé aux aînés ou aux individus en quête d’une retraite paisible. L’éducation et l’accompagnement sont des enjeux majeurs à adresser, selon lui.

L’Entrepreneuriat : Le moteur du développement économique africain

La question du chômage et de l’économie informelle pèse lourdement sur les pays africains. L’entrepreneur chevronné rappelle que l’informel étouffe progressivement ces économies, entravant la capacité des États à collecter des taxes essentielles pour investir dans des secteurs prioritaires tels que la santé et l’éducation. Tel un vase vide, l’assiette fiscale déborde de potentiel inexploité.

C’est pourquoi Mohamed Nour Diarrassouba est convaincu que l’entrepreneuriat est la clé pour créer des emplois. Il reconnaît que les États ne peuvent pas à eux seuls générer suffisamment d’opportunités pour les entrepreneurs. Certes, les projets d’infrastructures financés par l’État peuvent créer quelques emplois, mais cela ne suffit pas à répondre aux besoins de l’ensemble de la population.

Les statistiques alarmantes ne peuvent être ignorées : 60 % des chômeurs africains sont des jeunes. Face à ce défi majeur, l’entrepreneuriat se présente comme une bouée de sauvetage, une porte de sortie pour la jeunesse africaine. En favorisant l’essor de l’entrepreneuriat, l’Afrique peut non seulement stimuler sa croissance économique, mais aussi attirer des investisseurs étrangers. C’est là l’un des atouts majeurs de l’entrepreneuriat. Il est paradoxal de constater que, bien que le PIB de l’Afrique soit comparable à celui de l’Inde et deux fois plus élevé que celui de l’Indonésie, ces pays attirent davantage d’investisseurs que l’Afrique.

Mohamed Nour Diarrassouba estime donc qu’un développement accru de l’entrepreneuriat, conjugué à un écosystème stable et propice à la création d’entreprises, permettra d’attirer des investisseurs. En cascade, cela engendrera la création de nouvelles entreprises, la génération d’emplois et enfin, une augmentation des recettes fiscales. Ces dernières pourront être réinvesties dans des secteurs clés ainsi que dans des initiatives sociales.

La finance au service de l’entrepreneuriat africain

L’entrepreneur visionnaire identifie deux enjeux majeurs qui entravent le développement de l’Afrique. Le premier concerne la question cruciale de la formation. Pour y remédier, il a mis en place une structure organisée dédiée à l’accompagnement entrepreneurial, permettant ainsi de guider les entrepreneurs sur la voie du succès.

Quant à la deuxième problématique, elle réside dans l’insuffisance des moyens financiers alloués par les banques commerciales pour soutenir les entrepreneurs. Le secteur privé en subit les conséquences. Déterminé à apporter des solutions concrètes, Mohamed Nour Diarrassouba aspire à instaurer des mécanismes de financement participatif adaptés à la réalité africaine. Il souhaite ainsi redynamiser le secteur en mettant en œuvre des ajustements stratégiques au niveau de la sous-région. Des pays tels que le Bénin et le Togo sont d’ores et déjà engagés dans cette dynamique.

L’objectif est clair : créer un environnement propice à un financement participatif africain qui libère les entrepreneurs de la dépendance envers les institutions financières et les subventions gouvernementales. Mohamed Nour Diarrassouba rejette cette vision stéréotypée et propose un modèle novateur, ancré dans une solidarité sans faille. Il prône une approche inclusive qui favorise la participation active de chaque acteur africain. Son engagement se reflète dans ses discours passionnés et son ouvrage, où il encourage la création d’un modèle financier africain.

« Agenda 35 » : Une plateforme visionnaire pour un avenir prometteur

Lorsqu’on interroge Mohamed Nour Diarrassouba sur la finalité de « Agenda 35 », il nous invite à reconsidérer notre perspective. Il nous rappelle que cette démarche est avant tout une invitation à l’amour du continent, à une introspection collective, à l’analyse minutieuse des problématiques. Telle une lampe éclairant les ténèbres, cette initiative guide les esprits éclairés vers des solutions concrètes. Car, en tant qu’entrepreneur visionnaire, identifier les problèmes et apporter des réponses tangibles est une vocation.

« Agenda 35 » se positionne comme un horizon de quinze années, durant lesquelles la réflexion et l’action se marient harmonieusement. Il s’agit d’un mouvement qui trouve sa force dans la diaspora africaine, s’étendant à travers plusieurs pays. Un mouvement qui s’est fixé pour noble dessein de réfléchir et de proposer des solutions concrètes, mais plus encore, de les mettre en œuvre. Les échanges fructueux entre les membres de cette plateforme ont engendré des idées novatrices, telles que la question cruciale du financement des PME-PMI, avec l’émergence de l’alternative du financement participatif.

Ainsi, ces idées florissantes, ces dialogues fertiles, ne resteront pas lettre morte. Ils prendront forme à travers la création de projets concrets, apportant ainsi un souffle nouveau à l’Afrique. L’objectif sous-jacent de « Agenda 35 » est triple : proposer des solutions pertinentes, accompagner leur mise en œuvre et soutenir les gouvernements dans leurs initiatives.

Un appel à l’action pour une génération d’impact

Mohamed Nour Diarrassouba souligne qu’il est grand temps de passer à l’action, après des années de discussions sur l’avenir de l’Afrique. Plutôt que de se concentrer sur des événements axés sur les perspectives futures, il encourage la mise en place de solutions concrètes et propose que les prochains rassemblements soient l’occasion de faire le bilan des réalisations et d’analyser ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, tout en mettant l’accent sur les solutions.

S’adressant spécifiquement aux jeunes, le message de Mohamed Nour Diarrassouba est en harmonie avec cette démarche. Il les invite à devenir une génération d’impact, à s’impliquer activement dans des actions concrètes. Il se reconnaît lui-même parmi ces jeunes qui sont prêts à agir, à se lancer dans une aventure dynamique de transformation, loin des préjugés de colonisation. Il souligne l’importance de se mettre au travail avec détermination, car l’entrepreneuriat exige une immersion totale dans les problématiques pour apporter des solutions concrètes.

Il est crucial de souligner que cet appel à l’action ne signifie pas que tout le monde doit devenir entrepreneur, car les entreprises ont besoin de prospérer. Cependant, il encourage vivement les jeunes à s’impliquer, à participer aux prises de décision et à contribuer activement à l’instauration d’un changement positif et durable.

Une rencontre fructueuse avec Madame Victoire DOGBE, cheffe du gouvernement togolais

Lors de cette interaction privilégiée avec les autorités gouvernementales lors du Meet-up à Lomé, Mohamed Nour Diarrassouba a eu l’occasion de transmettre un message particulier, empreint de la voix vibrante de la jeunesse. Via ses nombreux échanges avec des jeunes du Togo, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire et d’ailleurs, il a été témoin des ravages qui touchent les jeunes partout dans le monde. Ils expriment le besoin impérieux d’un écosystème favorable à l’entrepreneuriat, de financement et d’un accompagnement de l’État à travers la formation, entre autres.

Mohamed Nour Diarrassouba a soigneusement enregistré ces messages et lors de ses rencontres avec les autorités, il les relaye avec ferveur. Mais il ne se contente pas de cela. Il prend le temps de réfléchir à des solutions concrètes, des idées novatrices qu’il propose aux gouvernements. Il a eu l’opportunité d’évoquer cette approche avec Madame Victoire TOMEGAH DOGBE, la cheffe du gouvernement togolais, soulignant la volonté de son organisme d’accompagner les entrepreneurs, indépendamment de leur origine ou nationalité, sans arrière-pensées ni commissions intéressées.

La réceptivité de la cheffe du gouvernement à ce message a été remarquable. Dans les jours à venir, des rencontres seront organisées avec les autorités, des rencontres qui visent à aboutir à des résultats concrets et à trouver des solutions tangibles. Cette dynamique prometteuse reflète l’engagement commun en faveur de l’entrepreneuriat et de l’édification d’un avenir prospère pour tous.

L’essor de l’entrepreneuriat africain : une invitation à l’action

Lorsqu’on lui demande quels conseils il donnerait aux jeunes entrepreneurs africains, Mohamed Nour Diarrassouba exprime sa réticence à imposer des conseils à quiconque. Avec humilité, il souligne que sa propre carrière est encore jeune. Néanmoins, il affirme que les jeunes Africains ont avant tout besoin des conditions propices pour mettre en valeur leurs connaissances et leur potentiel. Ainsi, il souhaite partager une idée qui se dessine avec solidarité : il est temps de passer de spectateurs à acteurs.

« Le jeune Africain aspire à jouer un rôle dans le développement de son continent. Pour cela, il est essentiel de s’unir et de devenir des réalisateurs, non seulement à travers l’entrepreneuriat, mais également dans les domaines de l’art, du sport, de la musique, et bien d’autres encore« , met-il en avant.

Il est primordial de comprendre que la création d’entreprise n’est pas la seule voie. Chacun, à son humble niveau, peut apporter sa contribution et impacter positivement son environnement. Mohamed Nour Diarrassouba met l’accent sur le pouvoir de l’impact, car il est convaincu qu’une action qui touche deux personnes peut se propager à dix personnes demain, à l’instar de l’effet papillon. Ainsi, chaque individu a la capacité d’avoir un impact significatif sur le continent africain.

L’Afrique radieuse : un avenir façonné par la jeunesse

Sur sa vision de l’avenir de l’Afrique, Mohamed Nour Diarrassouba répond avec enthousiasme : « Radieux, radieux. » Cet optimiste modéré, mais réaliste, souligne l’importance de la jeunesse africaine dans la création d’un avenir prometteur. Avec environ 60% de la population ayant entre 15 et 24 ans, il affirme que l’avenir de l’Afrique repose entre les mains de cette jeunesse dynamique. Selon lui, la jeunesse est le reflet même de l’avenir du continent. Pour que l’Afrique rayonne, il est essentiel que sa jeunesse s’engage pleinement et ait un impact positif.

En guise de conclusion, Mohamed Nour Diarrassouba exprime sa gratitude pour cette occasion de discuter et de partager ses idées sur l’Afrique. Il espère sincèrement que ceux qui l’écoutent ou le lisent seront imprégnés des valeurs qu’il défend et du combat qu’il mène. Conscient que ce combat n’est pas facile et qu’il ne peut être remporté seul, il insiste sur l’importance de rencontrer ses compères afin de trouver ensemble des solutions communes. Bien qu’il ait écrit un livre intitulé « Mon rêve africain », il souligne que ce rêve n’est pas uniquement le sien, mais celui de tous les Africains. Il croit fermement en la possibilité de travailler main dans la main pour construire l’Afrique de demain.

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