SOSSOU Essi Candide, la jeune fille « qui écrit sa vie »

Connue sous le nom d’auteur Soecha, SOSSOU Essi Candide est une étudiante de 22 ans en psychologie appliquée au travail et aux organisations. Cette jeune togolaise est lauréate du PEFA (Programme d’Excellence pour les Femmes en Afrique) et co-coordinatrice du programme FEMINOV (Femme Innovante).

Un livre unique mais poignant

La bibliographie de SOSSOU Essi Candide ne comporte qu’un livre édité, mais celui-ci est particulièrement révélateur. Intitulé Je vais bien, il relate l’histoire vraie et la confession d’une jeune fille victime d’agression sexuelle. Soecha s’est épanchée dans un texte authentique et sincère, ce qui a touché le cœur de nombreux lecteurs.

Par ailleurs, chaque année, la jeune fille prend l’habitude d’écrire un livre à l’occasion de son anniversaire. Sa dernière œuvre en date, Mémoires d’une enfant de 21 ans, témoignage introspectif d’une jeune fille sur son parcours de vie, n’a pas été éditée mais témoigne de la passion de SOSSOU Essi Candide pour l’écriture. À travers des pages souvent déchirantes, elle partage ses doutes, ses peurs, ses angoisses, mais surtout sa résilience.

Une passion pour les lettres

SOSSOU Essi Candide a commencé à écrire dès le collège et a participé à de nombreux concours de littérature et d’orthographe. Malgré son parcours dans les filières scientifiques, elle a toujours eu un pied dans les lettres et les arts. C’est ainsi qu’elle est devenue une rédactrice à Monpsychomag, un magazine qui a pour but de promouvoir la santé mentale dans la société togolaise et africaine.

Pour essayer de toucher le plus grand nombre de personnes, elle se consacre à donner des conseils pour le bien-être psychologique des individus, qui est selon elle la clé d’un épanouissement personnel.

Un programme pour l’autonomisation des femmes

La jeune fille n’a jamais oublié son premier amour quand il s’agit des arts littéraires, mais elle s’intéresse aussi beaucoup au rôle qu’elle peut jouer dans la société togolaise, en particulier pour l’autonomisation des femmes. C’est ainsi qu’elle est devenue co-coordinatrice du programme FEMINOV, qui a pour objectif d’accompagner les jeunes filles entrepreneures.

Le programme PEFA, marrainé et lancé par Son Excellence Madame le premier ministre togolais à l’occasion de la Journée internationale des femmes, offre des possibilités d’acquisition de compétences pour permettre aux femmes togolaises d’être plus compétitives, tout en confortant leur background principal.

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire votre premier livre « Je vais bien » ?

Candide : Depuis toute petite, j’ai toujours été introvertie, celle qui ne parle quasiment jamais, encore moins de ses tracas et qui tantôt subit tout en silence. Ce qui m’a poussé à écrire Je vais bien, c’est tout d’abord cette envie de prendre la parole, pour me convaincre moi-même que j’en avais le droit. Ensuite, j’ai eu envie d’adresser un message à tous ceux qui tout comme moi ou Adjowa (référence au livre) ne vont pas bien au fond.

Comment votre expérience personnelle a-t-elle influencé votre écriture ?

Candide : J’ai puisé et je puise quasiment toujours une partie de mon inspiration de mes expériences personnelles. Je suis de ceux qui pensent qu’il ne faut pas chercher loin pour avoir un sujet pour écrire. Tout est déjà à notre portée.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre processus d’écriture ?

Candide : Comme dit précédemment, je puise mon inspiration de mes expériences du quotidien, mais aussi par d’autres biais. Et une fois que j’ai l’idée principale, je tiens mon fil conducteur. Je n’ai généralement qu’à le développer au gré du temps qui passe.

Comment avez-vous développé votre passion pour l’écriture ?

Candide : Je dirai que ma passion pour l’écriture s’est faite toute seule. J’ai toujours eu cette habileté avec les mots et avant même que je ne m’en rende compte, l’écriture s’est retrouvée au centre de ma vie.

Comment décririez-vous votre style d’écriture ?

Candide : Je me vois comme une écrivaine « freestyle »,n’en déplaise aux professionnels de lettres (rires). J’ai toujours eu une réticente à me placer dans une case. Je continue tout de même à me former afin d’améliorer mon style.

Quel est votre livre préféré et pourquoi ?

Candide : Je le cite toujours comme étant mon livre préféré car il a été mon premier, le premier roman que j’ai eu à lire quand j’étais enfant. Il s’agit de Le masque de Venise de Rosalind Laker.
Ce livre m’a fait comprendre assez tôt que le mal existe, mais surtout que tout finit par rentrer dans l’ordre indépendamment du temps que ça prendra.

Comment avez-vous commencé à travailler pour Monpsychomag et quel est votre rôle dans le magazine ?

Candide : Monpsychomag a été lancé par des étudiants en psychologie puis des professionnels de la santé mentale, dans le souci de vulgariser notre science à la population. C’est donc en ma qualité d’étudiante en psychologie que je l’ai intégré.

Mon rôle principal est d’écrire des articles dans la rubrique Connaissance de soi ou d’autres. Outre cela, je fais souvent une veille stratégique afin de dénicher les thèmes tendances ou sujets pour des futurs articles. Je fais également du proofreading pour les articles déjà publiés.

Nous travaillons actuellement sur la possibilité de créer des groupes de paroles pour permettre à quiconque ressente le besoin de s’exprimer.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le programme FEMINOV que vous co-coordonnez ?

Candide : Le programme FEMINOV a été lancé par l’entreprise de Communication Digitale Glam’s d’Ange Event sous le parrainage de M. Joseph AMENOUDO, Magistrat, ambassadeur genre et développement.

Le programme accompagne les candidates retenues sous deux volets : Le renforcement de capacités (art oratoire, communication digitale, développement personnel) et la réalisation de capsules vidéos pour vulgariser leur entreprise. À cela s’ajoute les Feminov Talk qui sont des rendez vous ouverts au public où des professionnels de l’entrepreneuriat instruisent les participantes sur des thèmes variés.

En gros, le programme vise à donner la chance à de jeunes entrepreneures de mieux positionner leurs produits/services et à celles qui désirent se lancer dans l’entrepreneuriat de mieux affûter leurs outils.

Comment le programme PEFA a-t-il contribué à votre développement personnel et professionnel ?

Candide : Le Programme d’Excellence pour les Femmes en Afrique a été un fabuleux voyage. J’y ai appris à mieux me connaître, à connaître mes limites et surtout à les dépasser.

Professionnellement parlant, le programme m’a ouvert les portes à plusieurs opportunités qui ne font et ne feront que m’aider à rehausser mon niveau d’excellence. Enfin, j’ai réalisé grâce à ce programme la place que j’avais et le rôle que je pouvais jouer dans le développement de l’Afrique, tant en tant que femme qu’en tant que personne.

Comment voyez-vous votre rôle dans l’autonomisation des femmes togolaises ?

Candide : Selon moi, l’autonomisation des femmes togolaises a commencé depuis un bon moment (nos mamans nous montraient déjà l’exemple). J’ose croire que pour parfaire cette autonomisation, je pourrai user d’un changement de mentalité général et avec les opportunités dont je dispose, montrer le chemin à la génération qui me suivra.

Quels sont vos projets futurs en termes d’écriture ?

Candide : En termes d’écriture, je pense à une réédition de Je vais bien. Je prépare également, comme de coutume, un roman cette fois-ci avant le mois de décembre.

Quels sont vos projets futurs en termes d’entrepreneuriat et de leadership ?

Candide : La cause des enfants m’est chère, surtout lorsqu’il est question d’orientation. J’estime que chaque enfant devrait être très bien guidé dans le choix de son futur parcours professionnel, parce que mine de rien le choix professionnel que nous faisons plus tard détermine souvent le sens que prend notre vie. Mes futurs projets pourraient donc aller dans ce sens.

Quels sont vos conseils pour les jeunes femmes qui cherchent à s’épanouir personnellement et professionnellement ?

Candide : Pour s’épanouir personnellement, il est primordial d’apprendre à se connaître soi-même et à se reconnecter à l’Etre Suprême qui est en nous. Ainsi, on serait apte à faire face à n’importe quelle situation qu’on rencontrera.

Professionnellement parlant, les deux principaux conseils que je leur donnerai sont :

• de croire en leurs capacités en tant que femme puis en tant qu’individu.
• de se former et de ne jamais arrêter d’apprendre.

Aussi, je préconiserais aux jeunes femmes qui se sentiront concernées d’arrêter de nourrir cette rivalité malsaine des genres et de se mettre au diapason avec les hommes; chercher à avancer dans leurs propres souliers, même si ces derniers vont dans la même direction que ceux des hommes.

Comment voulez-vous être perçue dans le futur en tant qu’auteur et leader féminin ?

Candide : En vrai, je voudrais juste réaliser mon plein potentiel afin d’être capable d’aider mon entourage à réaliser également le leur. Inspirer les uns et les autres à travers ma plume et mes projets, et si un jour une petite fille me pointe du doigt en disant vouloir me ressembler, alors tant mieux !