Rôbalôtô : Une approche novatrice dans la gestion des déchets et son unicité au sein du paysage actuel du recyclage

Dans un univers saturé d’initiatives environnementales, Rôbalôtô se distingue par sa focalisation sans pareil sur les élèves, véritables acteurs du changement et créateurs d’un effet papillon salvateur. Découvrez comment l’intégration de technologies avancées, telles qu’une application web et des capteurs intelligents, élève le processus de recyclage à un niveau inédit. Une approche novatrice qui ouvre la voie à un avenir durable. Rencontre avec Aymane GBADAMASSI, l’initiateur du projet.

Propos recueillis par Gilles LAWSON

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Quelle a été l’étincelle initiale qui a conduit à la création de Rôbalôtô et quels obstacles avez-vous rencontrés en mettant en place ce projet ?

Aymane GBADAMASSI : L’étincelle initiale qui a conduit à la création de Rôbalôtô est survenue lors d’une conférence que nous avons suivie sur les changements climatiques, c’était le déclic. Nous avons observé une sérieuse problématique liées à la collecte et au tri des déchets plastiques. La mise en place de notre projet a été confrontée à plusieurs obstacles notamment les défis liés aux autorisations administratives requises qui ont nécessité un délai de 03 ans. Nous avons dû faire preuve de patience et de persévérance pour faire avancer le processus.

En quoi Rôbalôtô se démarque-t-elle des autres initiatives en matière de gestion des déchets et qu’est-ce qui fait sa spécificité dans le paysage actuel des solutions de recyclage ?

Aymane GBADAMASSI : Rôbalôtô se démarque des autres initiatives grâce à son orientation particulière vers les élèves considérés comme la relève de demain et les créateurs de l’effet papillon. Il intègre aussi une technologie avancée qui lui permet de surpasser toutes les solutions traditionnelles de gestion des déchets. Par exemple, elle est équipée d’une application web qui nous permet de collecter des données sur l’utilisation du plastique et utilise des capteurs intelligents qui nous transmettent plusieurs informations, ce qui rend le processus de recyclage plus simple et attrayant pour les élèves.

Comment votre projet contribue-t-il à la transmission de valeurs éco responsables auprès des élèves et comment mesurez-vous leur engagement dans ce processus ?

Aymane GBADAMASSI : Notre projet a pour but d’éduquer les élèves sur les notions de protection de l’environnement grâce à des campagnes de sensibilisation et aux club-environnement que nous créons au sein des établissements. Avec ces clubs, nous organisons des activités pratiques, des ateliers pour leur expliquer les conséquences de la pollution, l’importance et les techniques du recyclage pour préserver l’environnement. Nous mettons aussi à leur disposition des ressources matérielles et nos poubelles servent de support de sensibilisation, tout ceci dans le but de leur inculquer des valeurs éco- responsables. De plus, notre application web recueille des données sur la quantité et le type de déchets recyclés dans l’ensemble de l’école en une période donnée que nous comparons avec des résultats précédents. Cela nous permet d’évaluer l’impact global de notre projet et de mesurer l’engagement des élèves.

Pouvez-vous expliquer le fonctionnement du système de Code QR intégré à la poubelle connectée et comment cette méthode de collecte de données a-t-elle influencé l’efficacité du recyclage des déchets plastiques ?

Aymane GBADAMASSI : Chaque poubelle connectée est équipée d’un code Qr unique rattachée à une école spécifique. Lorsque l’école ne dispose pas d’une connexion wifi pour nous fournir les informations en temps réel à l’aide des capteurs, l’utilisateur, c’est à dire l’élève ou l’enseignant activé, ou encore l’équipe de collecte, avec leur accès accède à l’application après avoir scanné le code Qr. Cela leur permet d’enregistrer de façon manuelle plusieurs informations dont le niveau de la poubelle, le poids et type de déchets, la demande de maintenance, etc … Nous sommes donc en mesure d’avoir des informations précises sur notamment les types de plastiques les plus fréquemment jetés, les jours de la semaine où la poubelle est la plus sollicitée ainsi que les écoles où la quantité de déchet plastique est la plus élevée. Ces données sont stockées sur l’application et analysées pour évaluer l’utilisation du plastique. Ces données collectées par notre application avec le système de code Qr nous offrent un base solide pour prendre des décisions éclairées en matière de gestion de déchets plastiques dans les écoles qui ne disposent pas d’une connexion wifi.

Comment le système central basé sur les algorithmes spécifiques optimise-t-il la collecte des déchets et quelle est son incidence sur la réduction de la pollution environnementale ?

Aymane GBADAMASSI : Le système central reçoit en temps réel les informations des capteurs de la poubelle intelligente telle que le niveau de remplissage, la localisation, le poids, les données historiques, etc… En utilisant des algorithmes spécifiques, le système analyse ces données et génère des priorités pour l’équipe de collecte afin de réduire les couts de transport et d’optimiser le temps de collecte. Le système central permet également de suivre et d’évaluer les performances de collecte de déchets, d’identifier les domaines d’amélioration et de prendre des mesures correctives pour optimiser les opérations de collecte de déchets. Ce système contribue directement à la réduction de la pollution environnementale en limitant les distances parcourues par l’équipe de collecte, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique associée à leur déplacement. De plus en collectant les déchets de manière plus efficace, on évite les débordements des poubelles ce qui contribue à maintenir un environnement propre et sain.

Les poubelles connectées Rôbalôtô sont particulièrement implantées dans les écoles. Quel rôle jouent les enseignants et les clubs environnementaux dans la réussite de ce projet, et comment envisagez-vous d’étendre cette initiative à d’autres publics ?

Aymane GBADAMASSI : Les enseignants ont un rôle important dans l’éducation des élèves. Ils intègrent les sujets liés à l’environnement dans leur programme ce qui contribue à sensibiliser les élèves sur le phénomène. Ils participent aussi aux activités du club environnement et sont quelques fois activés pour accéder à l’application web. Le club environnement a pour rôle d’inciter l’ensemble des élèves de l’établissement à rejoindre la cause. Ces membres du club tiennent des réunions, organisent des campagnes de sensibilisations, des activités de salubrité, font le tri des déchets une fois la poubelle remplie et bien d’autres choses. Pour étendre notre initiative, le premier défi est de pouvoir la dupliquer dans un premier temps dans toutes les écoles publiques du Togo. Ensuite nous prévoyons nouer des collaborations avec les autorités afin que nos poubelles soient déployées dans endroits publics comme les marchés, les institutions étatiques et non étatiques et aussi les ménages.

Quels sont les défis liés à la collecte de données en temps réel et comment les abordez-vous pour assurer la fiabilité des informations obtenues ?

Aymane GBADAMASSI : Les défis sont multiples : D’abord pour une collecte en temps réel, nous avons besoin d’une connexion internet stable dans les écoles d’où la création de l’application web avec le système de code Qr pour nous assurer que les informations nous parviennent chaque jour avec les écoles qui ne disposent pas de wifi. Nous avons aussi besoin de disposer de bons matériels (capteurs) pour nous envoyer des données fiables ce qui nous oblige à effectuer plusieurs tests avant et pendant le processus. La collecte de données en temps réel génère aussi une grande quantité d’informations ce qui nous pousse à mettre en place une politique de compression de données pour optimiser l’espace de stockage. Enfin, la sécurité des données est une de nos préoccupations majeures. Nous utilisons des protocoles de cryptage et d’accès restreint aux données. Nous assurons aussi une conformité stricte aux règlementations en matière de protection de données.

Comment le programme de bourses d’études pour les meilleurs ambassadeurs verts contribue-t-il à la promotion du recyclage et à la reconnaissance des efforts consentis par les élèves pour préserver l’environnement ?

Aymane GBADAMASSI : Nous offrons des bourses d’études aux élèves qui démontrent un fort engagement dans le processus de recyclage. Ces élèves sont ainsi encouragés à persévérer dans leur effort et deviennent des ambassadeurs au sein de leur nouvelle communauté scolaire qui n’est donc que l’université privée ou publique. Cela contribue à promouvoir le recyclage à d’autres couches de la société et à inciter les élèves des institutions privées à rejoindre la cause.

Quelles sont les retombées sociétales, culturelles et poubelle connectée pour la communauté et les acteurs du recyclage ?

Aymane GBADAMASSI : Les poubelles connectées contribuent à sensibiliser la société à la gestion des déchets de manière intelligente. En associant l’application, les capteurs, les poubelles connectées attirent l’attention sur l’importance de réduire, de trier et de recycler de manière responsable. Elles représentent aussi une avancée technologique dans le domaine de la gestion des déchets. Elles démontrent le potentiel des IOT pour résoudre les problèmes environnementaux. En optimisant la collecte des données, les poubelles connectées favorisent la réduction de l’emprunte carbone.

Enfin, quels sont vos projets futurs pour Rôbalôtô, et comment envisagez-vous de continuer à innover et à étendre votre impact sur la gestion des déchets plastiques et la préservation de l’environnement ?

Aymane GBADAMASSI : Nous sommes entrain de travailler sur de nouveaux types de capteurs pour mieux optimiser la collecte et rendre Rôbalôtô beaucoup plus intelligente. Avoir une poubelle qui arrive à parler, c’est possible. Nous continuerons à investir dans la recherche et le développement de nouvelles solutions en matière de gestion de déchets plastiques. Nous venons de remporter le premier prix lors d’un concours organisé par la GIZ nous donnant droit à une incubation. Cela nous permettra d’acquérir de nouvelles compétences que nous utiliserons à bon escient. Nous continuons aussi de nouer des partenariats avec des entités qui partagent la même vision que nous et sommes surs que la sensibilisation reste l’un des moyen phares pour changer le comportement de la population peu citoyenne.