Rencontre avec Sara Galley, créatrice togolaise de mode et de décoration d’intérieur

Article : Rencontre avec Sara Galley, créatrice togolaise de mode et de décoration d’intérieur
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16 avril 2023

Rencontre avec Sara Galley, créatrice togolaise de mode et de décoration d’intérieur

Sara Galley, plus connue sous le pseudonyme de Miss AKOUAVI, est une jeune Togolaise d’origine ghanéenne, juriste de formation, passionnée de mode traditionnelle et de décoration d’intérieur, avec une approche unique qui valorise la culture africaine et l’artisanat local. Depuis son plus jeune âge, elle a baigné dans l’univers de la mode, de la culture et de la tradition africaines, ce qui a éveillé en elle une profonde passion pour les tissus africains, en particulier le pagne et le wax.

Crédit : Ma Fleur D’art

Un amour pour les tissus africains

Née le 7 avril 1993 à Lomé, la capitale du Togo, Sara a été initiée à la mode par sa mère qui confectionnait des vêtements en tissu wax pour toute la famille lors des grandes occasions et événements cérémoniaux. Au fil des années, la jeune fille a commencé à expérimenter différentes façons d’utiliser ces tissus, découvrant ainsi leur potentiel pour la décoration intérieure et extérieure.

Crédit : Ma Fleur D’art

Devenue experte en la matière, Sara a fini par créer sa propre entreprise de mode et de décoration intérieure, nommée « MA FLEUR D’ART« , qui est également une mercerie. Elle réalise des designs modernes et élégants sur des vêtements en tissu wax pour femmes et hommes, ainsi que des articles de décoration intérieure tels que des coussins, des tapis et des rideaux.

Un style unique et inspiré

Le style de Sara est unique, mélangeant les motifs traditionnels africains avec des coupes modernes et des couleurs vives. Elle puise son inspiration dans l’histoire et la culture africaines pour créer des pièces uniques qui reflètent la beauté et la richesse de la tradition noire.

Crédit : Ma Fleur D’art

Engagée dans la vie associative et culturelle

Au-delà de son travail, Sara Galley est également connue pour son engagement dans la vie associative et dans le milieu culturel. En tant que membre du club pour l’UNESCO étudiant de l’université de Lomé depuis 2016, elle a mis en place avec ses collègues le programme « Opération UN CAHIER UN BIC » pour collecter des kits scolaires et venir en aide aux démunis et aux orphelins.

Crédit : Sara GALLEY
Crédit : Sara Galley

De la passion pour l’artisanat africain à la contribution à l’autonomisation des communautés locales

Pour Sara, la mode et la décoration intérieure ne sont pas seulement des moyens d’expression personnelle, mais aussi une façon de célébrer l’histoire et la culture africaines, de promouvoir le développement durable et l’éthique dans l’industrie de la mode, et de contribuer à l’autonomisation des communautés locales en Afrique.

Crédit : Sara GALLEY
Sara GALLEY
Crédit : Sara GALLEY

Elle travaille avec des artisans locaux et des coopératives pour promouvoir l’artisanat africain et aider à créer des opportunités économiques pour les communautés locales.

Miss Akouavi nous parle du pagne et du wax

Fervente adepte de la tradition et de l’art, elle voit dans l’utilisation des tissus africains une manifestation de son amour pour ces deux domaines. Elle souligne toutefois que le wax, bien qu’inspiré du batik indonésien, est désormais ancré dans la culture africaine, comme en témoigne son inscription au patrimoine immatériel de l’UNESCO depuis 2009.

D’ailleurs, plusieurs pays africains ont commencé à produire eux-mêmes du tissu wax dans les années 1960, notamment le Ghana, le Sénégal, le Nigeria et la Côte-d’Ivoire. Parmi leurs créations, on trouve une variété d’étoffes, telles que le Shweshwe en Afrique du Sud, le Kikoy au Kenya, les Ndops en Afrique centrale, le Kenté ou le Kita en Afrique de l’Ouest et centrale, ainsi que le Kanvo au Bénin et le Lokpo au Togo, tous aussi riches en couleurs, motifs et textures. Pour Miss Akouavi, les tissus africains, au-delà de leur beauté, constituent une expression symbolique et authentique de l’identité africaine, qui, avec la couleur ébène de la peau, reflètent l’héritage et la tradition de tout un continent.

D’où naquit cette passion pour la tradition et qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser aux tissus africains ?

Sara : Ma passion pour l’histoire de l’Afrique Noire a été le point de départ de tout. Après avoir obtenu mon Bac littéraire, j’ai réalisé que j’avais étudié l’histoire d’autres continents sans vraiment me plonger dans celle de mon Afrique. C’est alors que j’ai décidé de combler ce manque en faisant des recherches et en voyageant dans huit pays africains. Ce fut une expérience qui m’a profondément marquée et qui a éveillé en moi une curiosité sans borne pour la culture et l’art africains. J’ai notamment développé un amour pour les tissus africains comme le wax, le pagne et les perles (Djonou, en langue locale).

Crédit : Ma Fleur D’art
Crédit : Ma Fleur D’art

Je pense que ma passion pour ces tissus est ancrée dans mes racines. Mes grands-parents, en particulier mes grand-mères, étaient des vendeuses de DJONOU et des pionnières dans le commerce de tissus. J’ai également étudié la religion VODOU pour mieux comprendre les croyances de mes grands-parents et pour vivre en harmonie avec les autres êtres humains et avec le cosmos.

Je suis également allée à l’Université de Lomé pour étudier l’art sacré traditionnel. Tout cela a contribué à faire de moi une experte en tissus africains et une passionnée de la culture africaine.

Comment avez-vous appris à travailler avec ces tissus ?

Sara : J’ai appris à travailler avec ces tissus chez l’une de mes mamies qui était couturière. Elle aimait tripoter les tissus. Paix à son âme.

Quelles sont les influences et les inspirations qui vous guident dans votre travail de création ?

Sara : Je dirais simplement les divinités ; la recherche du beau et de l’authentique.

Comment décririez-vous votre style personnel en matière de mode et de décoration d’intérieur ?

Sara : J’ai un style particulier à moi-même. J’ai l’habitude de dire que je suis la marque, donc c’est moi que les gens doivent copier, et non l’inverse. Nous Africains, sommes l’original et non la copie, et nous devons impérativement l’admettre avec fierté, malgré la modernité et le suivisme dont fait preuve la jeunesse aujourd’hui. J’ai la ferme conviction de toujours garder mon identité et d’être égale à moi-même en valorisant nos propres créations.

Crédit : Sara GALLEY

Comment travaillez-vous avec les artisans locaux et les coopératives pour promouvoir l’artisanat africain et aider à créer des opportunités économiques pour les communautés locales ?

Sara : Pour bon nombre de nos créations, je m’organise avec les artisans de la place, spécialisés dans le domaine des accessoires en pagne, créations des vêtements avec du wax, cuir, cauris. En poursuivant, permettez-moi de faire un coucou spécial à un jeune artiste plasticien, peintre, sérigraphe, sculpteur, danseur, percussionniste et locksticien. Il se nomme Kodjo Eyram Kinglo, un jeune pétri de talent d’ailleurs et auteur de nombreux de mes tableaux.

Kodjo Eyram Kinglo, artiste plasticien. Crédit : Sah GALLEY
Crédit : Sah GALLEY

Je suis également une jeune collectionneuse des œuvres d’art. Je travaille également avec des gens qui sont dans le domaine du perlage, l’art plastique, le design et la peinture. En gros, entre artisans, on se complète, et nous organisons des foires artisanales et des expositions pour mettre en lumière leur savoir-faire, ainsi que pour leur donner des opportunités et leur permettre de gagner leur vie financièrement.

Quelle est votre philosophie en matière de développement durable et d’éthique dans l’industrie de la mode traditionnelle ?

Sara : Avant de parler du développement durable dans tout domaine, il faut repenser les maux de l’Afrique. Le chômage et la cherté de la vie doivent être véritablement au cœur de nos réflexion, parce que la cherté de la vie est liée au poids des importations et a l’exigüité des marchés. Je m’explique : en dépit des initiatives prises par le gouvernement pour la consommation des produits locaux, la population privilégie les produits importés au détriment de l’économie de leur pays. Pourquoi ? Parce que les produits locaux reviennent un peu chers à la population dont le revenu est déjà assez maigre et ne se voit pas s’offrir le luxe de consommer local.

Les Africains doivent s’accepter entièrement et s’aimer pour pouvoir travaillez et se valoriser de plus enfin de mettre la lumière sur eux ainsi sur leurs créations et consommez ce qui est faites par leurs confrères. Imaginez un brunch 100 % togolais ou l’on ne mangera que Togolais, boire Togolais, ainsi que s’habiller purement avec nos tissus et nos accessoires traditionnels. Ne serait-il pas joli ? 

Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus concernant la création de nouveaux designs ?

Sara :  La beauté de chaque tissu et de l’énergie que cela dégage.

Crédit : Sara GALLEY

Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontée en tant que créatrice africaine dans l’industrie de la mode traditionnelle, et comment les surmontez-vous ?

Sara : Le principal gros défi demeure le financement en Afrique, plus précisément dans mon pays le TOGO. Les entrepreneurs souffrent énormément pour trouver de l’accompagnement, ce qui ralenti énormément la production. Autre défi, c’est la clientèle qui trouve que le prix est de trop sans jauger que la création traditionnelle demande beaucoup de temps, de l’argent, de la finesse et du remu méninge, et de plus nos créations n’ont rien de comparable à des chinoiseries. 

Comment pensez-vous que la mode et la décoration d’intérieur peuvent contribuer à la promotion de la culture africaine et togolaise à l’échelle mondiale ?

Sara : Si l’Occident a pu nous imposer leur habillements, les croyances, les langues, nous pouvons également exporter notre culture et savoir-faire ainsi que la beauté de notre art.

Comment voyez-vous l’évolution de la mode africaine et togolaise dans les années à venir ?

Sara : Elle a de l’avenir, c’est sûr et certain, l’évolution est radieuse parce que y’a eu beaucoup d’innovation avec une prise de conscience. Notons que l’art africain n’est pas une manière de faire, c’est d’abord une manière d’être.

Quels sont vos projets et vos ambitions pour l’avenir ?

Sara : Organiser le tout premier brunch purement traditionnel togolais dénommé MIABE SONZIH, pour promouvoir nos mets, habillements, boissons, en gros « vendre » notre tradition. Ensuite, trouvez des bonnes volontés pour ensemble lever un fond en vue d’offrir des serviettes hygiéniques de menstruations réutilisables en pagne aux filles et dames qui vivent dans des milieux ruraux.

Pour l’avenir, je songe bien, avec mon équipe, organiser des soirées traditionnelles et pourquoi pas des expositions d’art en tissus pagne ou wax ?

Quel est votre conseil pour les personnes souhaitant intégrer les tissus africains dans leur maison ou leur garde-robe ?

Sara : Elles sont les bienvenues.  Il n’en demeure pas moins qu’elles ont intérêt à bien choisir leurs tissus, avec des modèles adéquates qui vont avec, et surtout que leur portefeuille souffrira un peu, mais que c’est pour le glamour et la bonne identité de soi.

Ma Fleur D’art est joignable au +228 92 01 10 04

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Commentaires

Mr Achraf
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Un très bel article sur une personne d'exception

C’est à cause de l’argent Elvis
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Elle a peut être oublié ☺️de mentionner qu’elle a été la 2 eme femme Présidente du Club pour Unesco étudiant de l’université de Lomé depuis sa créations en 1972 et en même temps chef de délégation de la coordination Togolaise pour le FESCUAO togo 2022.J’ai eu l’honneur d’être dans la même équipe avec cette dame au cœur pure blanc pendant 2ans et Je suis souvent étonnés par ses accomplissements extraordinaires 🥰🥰 . Voici l’une de ses phrases préférées: ( même à zero franc quand on a *la volonté* d’accomplir quelques chose pour une bonne cause les moyens pour y arriver viennent toujours) . Toute est question de volonté .C'est incroyable de la voir constamment placer la barre haut.
Elle est une source d'inspiration pour nous tous !
Maintenant Miss Akouavi reviens continuer la danse heinn ahannnn ✌🏽✌🏽✌🏽nous t’attendons. Borooooooboziiiii

Un grand merci à Mr Gilles LAWSON pour la lumière faite ma présidente a moi 😘

Sara julie
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Bon vent vent à cette jeunesse dynamique

Wulfran
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Chapeau à la créatrice de mode et au créateur de contenus. Peut être que bientôt je là prendrez en capsule vidéo...

Frédy Marius
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Une jeune dame au cœur en or, dévouée pour la culture et l'émancipation des jeunes. Fierté Togolaise, brillante, entreprenante et audacieuse. J'ai eu à collaborer avec elle sur quelques projets, j'ai beaucoup aimé son côté philanthrope. Aux futures conquêtes Grande Dame, continuez cet élan.