Olivier ASOGBAVI : l’homme de médias togolais aux multiples facettes

Article : Olivier ASOGBAVI : l’homme de médias togolais aux multiples facettes
Crédit: Studio Kalangou
8 mai 2023

Olivier ASOGBAVI : l’homme de médias togolais aux multiples facettes

Olivier ASSOGBAVI est un as de la production de contenus. Pour lui, cette entreprise délicate représente le socle solide de tout média. Malgré tout, il s’inquiète de la raréfaction des productions sophistiquées de qualité dans notre ère. Lumière sur ce Togolais au verbe savoureux, résidant dans la gloire ancestrale du pays de Hamani Diori.

Une carrière partie de rien

Autodidacte , Oliver dit « self-made man », n’a pas eu la chance de fréquenter ses universités de rêve, ni de faire ses études de rêve. Très tôt, il s’est attaché à tout ce qui est métier de communication en commençant par le graphisme. Il a appris seul, auprès d’un ami et par l’autoformation. Il a ensuite poursuivi ses recherches dans la ville de Niamey, avant de s’intéresser au journalisme et à la production de contenus.

Un artisan de contenus de qualité

Pour lui, les contenus de qualité sont au cœur d’un média. Depuis longtemps, la création de contenus alimente l’appareillage médiatique, mais les temps ont changé. Les contenus de qualité sont rares, que ce soit dans les médias nationaux ou internationaux.

Les faits sont biaisés et la vérité est souvent manipulée, selon les intérêts des uns et des autres. Les médias de qualité qui ont pour objectif de témoigner de la réalité de manière équilibrée deviennent rares. Par conséquent, on assiste à une rupture de dialogue dans nos sociétés, surtout dans le Sahel, une zone où les crises sont fréquentes.

D’après lui, les créateurs de contenus doivent jouer leur rôle en donnant la parole aux personnes les plus vulnérables.

En effet, beaucoup de personnes ne se parlent plus, ne se regardent même plus, et sont frustrées. Les journalistes, les blogueurs, les podcasters doivent être conscients de la place qu’ils occupent dans la société. En offrant une voix aux personnes qui se sentent marginalisées, une voix aux silencieux, les créateurs de contenus peuvent rétablir la confiance entre les individus, favoriser le dialogue et le vivre-ensemble.

« La production de contenus doit avoir une vraie finalité éducative et informative, c’est ainsi que nous pouvons changer la donne », poursuit-il.

Crédit : Studio Kalangou

Les critères de production de contenus de bonne qualité

Lorsqu’on parle de création de contenu, Olivier Assogbavi estime que la satisfaction de l’opinion est la base de tout. Cela signifie que, même si l’on est opposant au régime présidentiel en place, on ne doit pas nier les faits. Ainsi, même si un journaliste togolais est en désaccord avec le chef de l’Etat, il devra admettre que ce dernier a construit plus de routes par exemple. C’est ce genre d’objectivité qui rend un contenu crédible et apprécié par tous, qu’ils soient partisans ou pas.

Selon Monsieur Assogbavi, la création d’un contenu authentique ne doit pas être influencée par des positions partisanes, des croyances ou des préférences. C’est pourquoi il se considère comme un arbitre impartial qui travaille pour que les informations soient disponibles à tous. Pour lui, un contenu de qualité doit viser l’équilibre dans un monde qui est déjà déséquilibré.

L’homme de média insiste également sur l’importance de ne pas céder à la pression des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle en perdant de vue la qualité du contenu. Il encourage les créateurs de contenus à ne pas se laisser emporter par la course contre la montre ou les astuces qui ne font qu’appauvrir la portée des messages. En d’autres termes, la recherche de la qualité et de l’équilibre doit guider toute création de contenu.

La création d’un contenu de qualité

Selon lui, la création d’un contenu de qualité est semblable à un équilibre de funambule entre les différentes composantes de la société. Ainsi, si un sujet concerne les femmes, il ne peut y avoir de disproportion en termes d’interviews entre les hommes et les femmes. Il en est de même pour toutes les catégories de personnes vulnérables.

« Le créateur de contenu est un témoin de l’histoire et par ce fait, doit toujours chercher cet équilibre parfait dans ses contenus. Car dans un futur lointain, ses interviews seront toujours accessibles à tous les yeux avides d’informations sur Google », poursuit-il.

Néanmoins, il ne cache pas les difficultés relatives à l’accès aux ressources nécessaires à la création de contenu de qualité. Pour lui, les Togolais sont habitués à vivre dans l’adversité et sa génération n’a pas échappé à cette dure réalité. C’est pourquoi il trouve toujours les ressources à sa disposition et use de sa créativité pour surmonter les obstacles. Dans une certaine mesure, c’est une question de survie pour lui et pour tous les autres créateurs de contenus qui, comme des alpinistes, cherchent à atteindre les sommets.

Il est à noter qu’il est l’instigateur de plusieurs émissions éminentes qui ont un rôle fondamental dans sa société.


Pourriez-vous partager avec nous vos impressions sur ces émissions ?

Olivier ASSOGBAVI : Je suis producteur d’émissions depuis 2019, et j’ai lancé ma première émission « 20 sur 20 » en version podcast sur Spotify. J’ai réalisé des choses exceptionnelles, des émissions qui sont restées intemporelles, car j’ai orienté mon travail vers un public jeune, principalement des collégiens et lycéens. Je cherchais des modèles, des astuces, et j’ai produit un grand nombre d’émissions dans le cadre de plusieurs programmes . Mais la meilleure, celle qui a le plus marqué les esprits, est celle que j’ai réalisée sur l’orientation professionnelle. Elle a été écoutée par un grand nombre de jeunes, et chaque fois que je rencontre certains d’entre eux, ils me confient : « Votre émission est extraordinaire ! Je l’écoute à chaque fois, et je la recommande à mes amis. »

C’est ça, vous voyez, mon rôle aujourd’hui est de faire en sorte que cette émission continue d’exister, grâce à « 20SurVingt », mon podcast. J’ai lancé d’autres émissions, telles que « Comprendre avec Mirah », présentée par ma charmante épouse, qui est en train d’élaborer une nouvelle version de son programme « Repères ». J’ai également lancé une troisième émission, et une quatrième est en préparation.

Tout cela constitue « Sarki Excellence », l’émission phare qui promeut la culture générale. Pour moi, la culture générale est la base même de l’intelligence. Elle m’a permis d’apprendre beaucoup de choses, notamment grâce aux livres et aux personnes comme vous. Quand nous étions au lycée, vous étiez nos aînés, et vous avez suscité notre passion pour l’intelligence et pour la vie étudiante. Je me souviens avoir assisté à un match de « Génie en herbe » au lycée, et j’ai voulu briller devant mes camarades. Ces souvenirs ont contribué à sauver ma scolarité, car à l’époque, je n’avais aucun intérêt à fréquenter l’école, vu d’où je venais.

La culture générale englobe l’ensemble de nos connaissances, notre patrimoine, notre héritage commun. C’est quelque chose qu’on n’apprend pas à l’école, mais qu’on doit se cultiver soi-même. La culture générale permet de suivre les actualités, de comprendre les documentaires, de lire des livres, d’apprendre l’histoire, de connaître les dernières technologies, de suivre l’actualité sportive, etc. Elle permet de devenir un « cyborg » ayant plus de codes que son âge, et d’être un « polymate », un être polymorphe qui connaît tout grâce à sa culture. Voilà pourquoi j’ai décidé de lancer cette émission au Sahel, afin de valoriser l’éducation, d’encourager la qualité de l’éducation.

Je suis convaincu que « Sarki Excellence » peut aider les jeunes à changer leur vision de l’éducation, à apprendre de manière plus ludique et plus interactive, et à développer leur curiosité intellectuelle. En leur offrant un contenu varié, riche et stimulant, nous pouvons leur donner envie d’apprendre, de se dépasser, et de viser l’excellence.

Crédit photo : Sarki Excellence

Et c’est ce que je souhaite pour tous les jeunes du Sahel. Qu’ils puissent accéder à une éducation de qualité, qu’ils puissent découvrir leur potentiel, et qu’ils réalisent leurs rêves. Parce que chaque jeune a un talent, une passion, une vision unique, et mérite d’avoir les moyens de les exprimer, de les développer, et de les partager avec le monde. Et c’est à travers l’éducation, la culture générale, et la passion de l’excellence que nous pouvons y parvenir.

Parlez-nous de Sarki Excellence et de l’édition qui a eu lieu cette année.

Imaginez, c’est une aventure si ambitieuse que l’on a décidé de faire deux éditions par an pour satisfaire la soif de connaissances des jeunes africains. Et cette première saison s’est déroulée à merveille, couronnant Marouane comme champion.

Nous n’avons pas travaillé seuls, car le staff m’a accompagné et nous avons reçu le soutien de partenaires bienveillants. Grâce à eux, le gagnant a remporté un chèque de 100.000 FCFA et le deuxième un téléphone portable. Quant aux six finalistes, nous prenons en charge leur fourniture scolaire à la rentrée prochaine. Tout cela est financé à 90%, car nous utilisons notre propre économie ou celle de notre entreprise. Nous sommes le bon samaritain de l’intelligence, un remède efficace pour la soif de connaissances.

Une délégation togolaise a fait le déplacement à Niamey. Pourquoi ce choix ?

En ce qui concerne la délégation togolaise, nous puisons notre inspiration dans tout ce qui se fait de bien en Afrique, spécialement au Togo, où les initiatives et émissions de culture générale sont remarquables malgré le manque de ressources considérable. Nous avons collaboré avec Operon Group, une équipe de jeunes avec des porteurs d’idées pour la promotion de la culture générale, qui ont partagé avec nous leur expertise.

Nous sommes actuellement en train de développer des projets qui vont transformer l’éducation en Afrique, en commençant par le Niger et le Togo. Peut-être que dans les années à venir, d’autres pays pourront également en bénéficier.

Vos prochains challenges ?

Dans les mois à venir, j’annoncerai mon nouveau poste dans une organisation qui produit du contenu pour l’éducation. C’est un gros challenge pour moi qui suis passionné d’écriture et de promotion de l’éducation. J’ai été sauvé par l’éducation, qui est la seule chose qui m’a permis de devenir l’homme que je suis aujourd’hui avec ses compétences et sa joie de vivre. Je prends donc la décision de mettre mon expertise et mes expériences dans une entreprise innovante et éducative dans le Sahel pour aider les jeunes à trouver leur chemin, se former et envisager un avenir radieux.

Mot de fin ?

En guise de conclusion, je tiens à remercier tous ceux qui liront ce billet. Continuons à suivre notre voie et surtout, vivons pour nos passions. Poétiquement parlant, nous devons vivre pour nos passions comme un fleuve coule à travers la plaine, car c’est ce qui nous définit et nous permet de donner le meilleur de nous-mêmes.

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Commentaires

Mirah Rouafi
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Mon olivier, mon partenaire de vie et de combat je suis très fière de toi et fière de partager ta vue, que Dieu continue de mettre sa main dans tout ce ce que tu feravet je serai juste à côté pour apporter un plus. Bon courage on vient juste de commencer, nous avons des étoiles à décrocher