Naomi Akakpo : une étoile togolaise sur la piste d’athlétisme mondiale

Article : Naomi Akakpo : une étoile togolaise sur la piste d’athlétisme mondiale
Crédit: Naomi Akakpo
8 août 2023

Naomi Akakpo : une étoile togolaise sur la piste d’athlétisme mondiale

Naomi Akakpo a porté l’étendard de sa mère patrie, le Togo, aux neuvièmes jeux de la Francophonie tenus en République Démocratique du Congo du 29 juillet au 6 août 2023, dans la capitale Kinshasa.

Bien que née sur le sol français, en 2020 elle a fait le choix audacieux de représenter le Togo, la terre natale de son père. Son dévouement a été récompensé par une médaille d’argent lors des jeux islamiques de 2022, renforçant sa conviction de représenter le Togo tout en prenant conscience de l’impact considérable de ce titre sur l’histoire de la nation. À travers sa carrière sportive, elle aspire à créer un changement positif et à avoir un impact significatif.

Le rêve suprême de Naomi, c’est de participer aux Jeux Olympiques de 2024 à Paris, un objectif déjà inscrit dans l’esprit de tous ! Voici pour vous l’interview de Naomi Akakpo, jeune athlète togolaise, diététicienne nutritionniste spécialisée dans le sport de haut niveau.

Qui est Naomi Akakpo ?

N.A : J’ai 22 ans, bientôt 23, et à l’heure actuelle, je me consacre entièrement à l’athlétisme. Malgré la fin de mes études, mon quotidien est entièrement rythmé par cette discipline exigeante à laquelle je me dédie corps et âme. Je suis extrêmement ravie d’avoir pu représenter une fois de plus le Togo lors d’une compétition internationale. Ces événements offrent une occasion exceptionnelle de mettre en avant notre pays et de le faire connaître à travers le monde. C’est précisément pour cette raison que j’ai choisi de représenter le Togo plutôt que la France.

Comment avez-vous découvert votre passion ?

N.A : Ma passion pour l’athlétisme a été découverte grâce à ma mère, qui m’a initiée à ce sport lorsque j’avais environ 11 ou 12 ans. J’ai ainsi exploré l’épreuve de saut en hauteur, les épreuves combinées, mais le cumul avec l’instruction scolaire est devenu incompatible avec mes ambitions et mon agenda éducatif. Par conséquent, j’ai pris la décision d’opter pour une spécialisation unique, à savoir les haies, à laquelle j’ai prêté allégeance et que j’ai adoptée avec passion depuis lors.

Quel est votre bilan des Jeux de la Francophonie ?

N.A : L’édition des prestigieux Jeux de la Francophonie s’est déroulée avec un certain brio, en dépit des considérations logistiques défiantes. Les organisateurs, face à un paysage de travaux d’infrastructures toujours en cours, ont dû composer avec une situation particulièrement complexe, ajustant leurs actions au fil des échéances. Néanmoins, la maestria démontrée par nos dirigeants a permis d’offrir un cadre des plus confortables possible.

Lors de la journée cruciale de ma compétition, mon expérience fut majoritairement positive. Bien qu’atteinte par la fatigue et la maladie depuis mon arrivée à Kinshasa, je m’éprouvais tout de même en bonne forme, dotée d’une certaine confiance en mes capacités à réaliser un temps honorable. Un espoir vibrant, doublé d’une ambition ardente, m’accompagnaient dans mon dessein de monter sur le podium.

Hélas, la réalité fut moins clémente, et je me suis contentée d’une cinquième place. J’ai signé mon meilleur temps de la saison, mais cela n’était pas suffisant pour prétendre à une place honorifique sur le podium, alors même que les temps de référence que j’avais réalisés l’année précédente étaient à portée.

C’est donc avec une certaine amertume que j’évoque cette épreuve, malgré l’effort indéniable que j’y ai consacré. J’éprouve néanmoins aucune once de regret quant à ma participation à cette compétition. La fierté ressentie en portant les couleurs de notre nation est d’une intensité indescriptible. L’émotion est d’autant plus forte en sachant qu’on ne court pas seulement pour soi, mais avec l’appui fervent d’un pays entier derrière nous.

Cette pensée inspire le désir d’aller toujours plus loin, toujours plus haut. J’aurais sincèrement voulu rapporter une seconde médaille, mais le sort en a décidé autrement. C’est donc avec une certaine déception que je me tourne vers ceux qui m’ont soutenue, que ce soit les personnes proches ou l’ensemble de la population togolaise, plus encore que pour moi-même.

Vous avez remporté votre première médaille aux jeux islamiques en 2022, cela a certainement été un moment marquant de votre carrière. Quelles étaient vos émotions ?

N.A : Assurément, il s’agissait de ma toute première récompense d’envergure internationale. J’avais précédemment été honorée de diverses distinctions à l’échelle nationale, et en particulier lors des championnats de France, en raison de ma double nationalité – ma mère étant française et mon père originaire du Togo. Toutefois, sur le plan international, il s’agissait véritablement de ma première distinction, et l’expérience fut totalement inouïe. Je n’avais en aucun cas anticipé un tel événement.

L’émoi que j’ai ressenti était indescriptible, et mon cœur débordait de joie. Par la suite, j’ai réalisé l’ampleur de ce que cela représentait pour le Togo, pour ceux qui m’observaient avec attention. J’ai pris conscience de l’incroyable portée de cet événement, et comment il pourrait potentiellement servir de catalyseur pour inciter au changement, inspirer les jeunes filles désireuses de se lancer dans le sport, ainsi que les jeunes garçons. J’ai envisagé qu’il pourrait potentiellement aider à accélérer ces mouvements, et cela a aussi marqué l’histoire car c’était la première médaille pour une femme, et la seconde pour le Togo après la médaille de bronze obtenue par Benjamin Boukpeti lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008.

Il s’agissait d’une réalisation absolument extraordinaire dont je n’avais pas pleinement conscience sur le moment. J’ai pris la mesure de cette réalité progressivement, et à ce jour, je demeure toujours stupéfaite par cette expérience.

Comment vous préparez-vous pour les Jeux Olympiques de 2024 à Paris ?

N.A : Je m’entraîne intensément, tous les jours, en sélectionnant soigneusement mes compétitions. Mon entraîneur basé à Marseille et moi travaillons dur pour que je sois prête à réaliser de bonnes performances et obtenir une position favorable sur le classement.

Les épreuves de haies exigent une combinaison de force, d’agilité et de concentration. Comment gérez-vous la pression qui vient avec la pratique de cette discipline exigeante ?

N.A : Je m’efforce de ne pas me laisser accabler. J’affectionne singulièrement le processus d’accueil serein des opportunités et des défis, venant comme ils viennent, sans contrainte préméditée. Lorsque les barrières se présentent, lorsque des éléments d’obstruction tentent de limiter ma portée, je regarde bien au-delà, cherchant l’horizon lointain.

Je n’entretiens point d’illusion quant à mes propres limites ; j’affirme fièrement que celles-ci ne sont que des chimères. Et, je m’efforce constamment de repousser les frontières qu’on s’efforce de me prescrire, animé par un désir vorace d’amélioration, une aspiration à courir avec une célérité accrue, à explorer des territoires inconnus et à aller plus loin. C’est cet état d’esprit, inflexible et intrépide, qui me caractérise.

Lorsqu’un obstacle imprévu se dresse sur mon chemin, qu’il s’agisse d’une mésaventure corporelle telle qu’une blessure ou d’une diminution momentanée de ma motivation, je ne cède pas à la facilité de la reddition.

Quels sont vos rituels de précompétition pour rester concentrée ?

N.A : Je n’ai pas de rituels stricts. Je m’amuse et je danse pour me détendre et me préparer mentalement avant les compétitions. Une fois sur la piste, je me mets dans une bulle de concentration où il n’y a que moi et les haies, mais je reste ouverte aux échanges avec les autres, avant et après la compétition.

Des moments de difficultés ? Une personne derrière qui vous pousse à aller toujours de l’avant ?

N.A : Il est des instants dans la vie où les vicissitudes nous assaillent de toutes parts. En toute sincérité, je traverse actuellement une phase particulièrement ardue de ma carrière, sans doute la plus délicate à ce jour. J’ai auparavant surmonté de nombreuses blessures, preuve de ma capacité de résilience. Néanmoins, cette année, ma saison revêt un caractère singulier. Des baisses de performance physique, récurrentes et perturbatrices, ont contrarié mes entraînements comme je l’aurais souhaité. En conséquence, ma préparation à la compétition a été loin d’être optimale, et les temps que je réalise ne reflètent en rien mon potentiel réel, ni l’investissement colossal que j’ai consacré à l’entraînement tout au long de l’année. Il en résulte une frustration incommensurable.

Mes performances, bien que réalisées avec une détermination sans faille, ne répondent guère à mes attentes, et en tout cas ne correspondent pas à ce que j’aspire à atteindre. De surcroît, cette année, les jeux de la Francophonie se sont imposés à l’horizon. Mon ambition était incontestablement de gravir les marches du podium, un objectif parfaitement à ma portée. Néanmoins, face à l’accumulation de complications que j’ai rencontrées cette année, je n’ai pas été en mesure de me défendre avec la vigueur que j’aurais souhaitée.

Ainsi, je ne peux dissimuler la douleur que cela génère, le sentiment de frustration et d’irritation qui m’envahit. Cependant, comme je vous l’ai précisé, mon regard est tourné vers l’avenir. Je ne me laisse pas abattre et je m’efforce de ne pas trop cogiter sur ces déboires, d’éviter de trop y penser, ce qui pourrait aggraver la situation.

Dans le passé, lors de ces moments sombres, ma mère était toujours présente pour m’insuffler une nouvelle énergie, pour me motiver toujours plus, pour me replonger dans la course. À présent, ces instants de doute sont d’autant plus éprouvants que ma mère, disparue il y a deux ans, me manque plus que jamais. Sa présence réconfortante n’est plus là pour me soutenir. Autrefois, lors des périodes de blessure ou de moral en berne, elle était mon pilier, me tirant toujours de la détresse.

Maintenant qu’elle n’est plus là, une fois que je tombe, le sentiment d’enlisement n’en est que plus grand. Fort heureusement, je suis entourée de personnes exceptionnelles, mon père, mon frère, ma famille, mon compagnon, mon entraîneur ainsi que mes partenaires d’entraînement. Quand mon humeur est maussade, ils sont là, à mes côtés, prêts à m’aider à surmonter ces épreuves.

Je dois admettre qu’il n’est pas aisé de naviguer dans ces eaux troubles tous les jours. Si vous vous trouvez dans une situation similaire, il convient de se focaliser sur des objectifs à long terme et non pas sur des cibles intermédiaires fixées au cours de l’année.

Pour ma part, mon attention est pleinement portée sur les Jeux Olympiques de 2024, ainsi que sur ceux de 2028. Je commence d’ores et déjà à y penser car la préparation à de tels événements demande anticipation et rigueur.

Le baron Pierre de Coubertin, le rénovateur des Jeux Olympiques modernes, disait : « Le plus important aux JO n’est pas de gagner mais de participer ». Que vous inspire cette maxime ?

N.A : La maxime de Pierre de Coubertin ne correspond pas à ma philosophie. Pour moi, participer sans viser la victoire n’est pas concevable. J’ai toujours pour objectif de réussir et de gagner dans tout ce que j’entreprends, et si cela ne fonctionne pas, j’apprends de mes échecs pour progresser.

Quels sont vos autres passions et hobbies ?

N.A : En dehors de l’athlétisme, mes passions et hobbies incluent la lecture, le dessin, ainsi que ma chaîne YouTube où je partage mon quotidien, mes compétitions et mes entraînements. La lecture est bien plus qu’un simple passe-temps pour moi. C’est une source d’inspiration, de connaissance et de détente. Lorsque je plonge dans un livre, je suis transportée dans un autre univers, et cela me permet de m’évader du stress et des exigences de l’athlétisme.

Grâce aux livres, je peux également apprendre de nouvelles choses et m’enrichir sur divers sujets, ce qui me rend plus ouverte d’esprit et me permet d’établir des connexions inattendues entre différentes disciplines.

Je dispose d’un compte Instagram et TikTok, mais la lecture occupe une place centrale dans ma vie, me procurant plaisir et enrichissement personnel.

Votre mot de fin

N.A : Je remercie chaleureusement tous ceux qui me suivent et m’encouragent. Je souhaite inspirer chacun à poursuivre ses objectifs sans se fixer de limites et à persévérer malgré les difficultés. La détermination et la volonté de réussir nous permettent d’accomplir de grandes choses. Alors, n’abandonnez jamais et battez-vous pour ce que vous aimez !

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