Concours d’Art Oratoire Ô Féminin 2023 : Parcours de l’ombre à la lumière de la lauréate Hadidjatou YAYA

Initialement réticente à participer au Concours d’Art Oratoire ô Féminin (CAOF), Mademoiselle Hadidjatou YAYA a été encouragée par une muse inspirante et a décidé de repousser ses limites. Malgré les vents contraires et les commentaires négatifs, elle a puisé dans son courage pour faire rayonner sa voix et faire entendre ses mots. Découvrez à travers cette entrevue, son voyage vers la confiance en soi, l’expression authentique, et le sacre à la 4ème édition du CAOF.

Propos recueillis par Gilles LAWSON

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En tant que lauréate de cette 4e édition du CAOF, quelles ont été vos émotions et vos réflexions lorsque vous avez été annoncée comme gagnante du concours ?

Hadidjatou YAYA : Les messages chaleureux de ma famille, de mes amis et de mes collègues ont afflué après mon sacre. Leur soutien indéfectible a allumé en moi un feu d’allégresse, fier d’avoir suscité leur fierté.

Pouvez-vous nous parler de votre préparation pour cette compétition et des défis auxquels vous avez dû faire face lors de votre parcours vers la victoire ?

Hadidjatou YAYA : Au départ, j’étais réticente à prendre part à cette compétition. Je suis peu friande des interrogations sur ma vie, des raisons qui expliquent mon absence depuis 2021, lorsque le concours a pris une envergure nationale. Mais lors d’une discussion avec mon amie Cynthia, véritable muse, j’ai senti son encouragement m’envelopper. Ainsi, bien que légèrement distraite, une fois les auditions passées, j’ai ressenti un désir ardent de repousser mes limites. Si l’écriture ne me causait guère de souffrance, mon défi résidait plutôt dans la révélation de ma voix, car elle ne parvenait pas à incarner mes mots. De plus, les commentaires négatifs, tels des vents contraires, soufflaient sur ma détermination, mais je me suis armée de courage pour avancer.

Comment décririez-vous votre approche personnelle en matière d’art oratoire et quels sont les principaux aspects que vous avez travaillés pour peaufiner vos compétences ?

Hadidjatou YAYA : J’aime m’adonner aux choses que j’entreprends. Je peux parfois être une perfectionniste, bien que je reconnaisse que cela puisse être un écueil. Cependant, cela me pousse à me surpasser à chaque instant. Je m’évalue moi-même et sollicite l’avis de quelques personnes sur ce qu’elles pensent que je devrais améliorer ou changer. Les vidéos d’éloquence, d’articulation et de charisme exercent sur moi une attraction puissante. Je m’en nourris avidement.

Quelles ont été les principales sources d’inspiration et d’influence qui ont façonné votre style et votre discours en tant qu’oratrice exceptionnelle ?

Hadidjatou YAYA : J’ai grandi au sein d’une famille où l’on ne nous imposait pas constamment des contraintes, bien que la communauté cherchât à le faire. De temps à autre, on nous donnait l’occasion de nous exprimer, ma sœur et moi, et nous avons grandi dans cet état d’esprit, bien que j’aie canalisé cet élan davantage vers le monde professionnel. Déjà au lycée, je participais à divers concours d’anglais. En terminale, j’ai même remporté la victoire lors d’une compétition de « Spelling Bee » au Lycée de Tchamba. La même année, j’ai assumé seule la responsabilité de l’animation de la semaine culturelle pendant une semaine entière. C’était une première pour moi, mais je m’en suis bien tirée. Certes, des remarques m’ont été faites, mais elles portaient davantage sur le langage. J’ai également remporté le troisième prix international de slam en ligne sur le thème de « Mots contre maux », organisé par la structure Kozotikement parlant, ainsi que le premier prix national sur le thème « Les mots contre l’extrémisme violent », organisé par le jeune slameur Fidèle Castro, actuellement résidant aux États-Unis. Mais je vous en prie, ne me considérez pas comme une oratrice exceptionnelle, je ne suis qu’une jeune femme passionnée de communication qui ne cesse d’apprendre.

Comment percevez-vous le rôle de l’art oratoire dans l’autonomisation des femmes et dans la promotion de leur voix au sein de la société ?

Hadidjatou YAYA : Faire résonner leurs voix est d’une importance capitale. Si l’on garde ses pensées pour soi, personne ne pourra les entendre. C’est une occasion de s’affirmer et de retrouver cette voix intérieure qui nous aide à trouver notre place dans la société.

Pouvez-vous partager avec nous un moment fort ou un discours marquant que vous avez présenté lors de la compétition et qui a laissé une impression durable dans votre parcours ?

Hadidjatou YAYA : Dans mes écrits, je mise davantage sur le message, sur sa profondeur, que sur les mots eux-mêmes. Pourtant, beaucoup autour de moi sont fascinés par la forme, par les harmonies qui flattent les oreilles. Ce n’est qu’à l’issue de la finale que je peux affirmer avec conviction que ma phrase d’introduction, « Dieu créa le ciel et la terre, voilà le début de la folie divine », a marqué les esprits, tant elle n’a cessé d’être répétée.

Comment envisagez-vous d’utiliser votre titre en tant que lauréate du CAOF pour défendre des causes qui vous tiennent à cœur et inspirer d’autres jeunes talents ?

Hadidjatou YAYA : Avant toute chose, je compte utiliser ce titre pour obtenir des financements afin de concrétiser le projet que j’ai présenté lors de la deuxième épreuve, mon « pitch du projet ». Je partagerai mes expériences avec quelques jeunes filles, explorant l’art oratoire, l’éloquence et la prise de parole en public.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui aspirent à développer leurs compétences en art oratoire et à participer à des concours similaires ?

Hadidjatou YAYA : Exprimez-vous, que votre éloquence soit raffinée ou non, ne vous refusez jamais le privilège de la parole par honte de vous exprimer. Travaillez le ton de votre voix grâce à des exercices pratiques facilement accessibles sur YouTube. Travaillez également votre prononciation et votre articulation, car il ne suffit pas de dire quelque chose, il faut le dire avec justesse.

Comment envisagez-vous de continuer à développer vos compétences en art oratoire et de poursuivre votre passion pour la prise de parole en public ?

Hadidjatou YAYA : Continuer d’animer les événements. Regarder toujours des vidéos enrichissantes sur l’éloquence.

Quelles sont vos aspirations et vos projets futurs en termes de communication, de leadership et d’engagement social ?

Hadidjatou YAYA : Je suis et serai toujours engagée dans le volontariat social. C’est une passion qui m’anime, être proche de la population en tant que jeune, afin de mieux comprendre nos réalités. Quant à la communication, je l’ai déjà mentionné, j’anime déjà des événements et j’aimerais également avoir ma propre chaîne YouTube pour échanger sur des sujets reflétant notre vie quotidienne.

Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux jeunes femmes qui hésitent à exprimer leur voix et à s’engager dans des activités d’art oratoire ?

Hadidjatou YAYA : Un mentor disait autrefois : « Ce qui est fascinant avec l’art oratoire, c’est que vous êtes toujours en vie, même si vous faites des erreurs ». Et je peux dire la même chose à ceux qui m’écoutent. On ne réussit que par l’essai et la passion qui en découle détermine la suite de notre histoire.

Comment envisagez-vous de contribuer à l’expansion et à la renommée du Concours d’Art Oratoire Ô Féminin, tant au niveau national qu’international ?

Hadidjatou YAYA : Il est essentiel d’organiser des séances de sensibilisation dans les écoles, les universités et les régions reculées afin d’apporter « la bonne nouvelle », comme le disent les religieux. Sur la scène internationale, les réseaux sociaux sont un atout pour impliquer les jeunes filles d’autres pays, qui pourront également y participer.

Enfin, quel est votre message d’inspiration à toutes les jeunes femmes qui, comme vous, aspirent à exceller dans l’art oratoire et à devenir des leaders et des communicatrices influentes ?

Hadidjatou YAYA : Je ne suis pas une conférencière motivatrice, mais si je peux vous dire quelque chose, mesdames, soyez vous-mêmes. Ne cherchez pas à impressionner, mais plutôt à progresser. Lorsque l’on cherche à plaire à tout prix, on devient l’ombre de notre propre âme. Ne vous comparez pas constamment aux autres par envie, car en le faisant, vous niez votre propre valeur. Vous êtes courageuses, belles, intelligentes, bienveillantes, mais n’oubliez jamais que vous êtes avant tout humaines. Il se peut que vous commettiez des erreurs ou que vous déceviez des âmes qui vous sont chères, mais c’est normal. Le meilleur d’entre nous reste un être humain. Ne soyez pas trop dures envers vous-mêmes. La vie est souvent un parcours semé d’embûches, et il vous revient de décider si vous vous laisserez briser ou si vous en sortirez plus forts. Enfin, rappelez-vous que le pouvoir de la parole a toujours été et sera toujours une arme efficace.

Mes braves, à vous la parole !