De la télévision à l’entrepreneuriat : l’audace de la Congolaise Prodiges Saint-Auffret

Article : De la télévision à l’entrepreneuriat : l’audace de la Congolaise Prodiges Saint-Auffret
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2 juin 2023

De la télévision à l’entrepreneuriat : l’audace de la Congolaise Prodiges Saint-Auffret

Embarquez avec nous pour une aventure captivante aux côtés de Madame Prodiges Saint-Auffret, une entrepreneure audacieuse, animée d’une passion à la flamme ardente et d’un désir inébranlable de supporter l’excellence féminine en Afrique. Venez découvrir comment, après une rencontre déterminante avec une légende, elle a osé tracer sa propre voie, engendrant ainsi une onde de choc créatrice d’espoir et d’opportunités.

Propos recueillis par Gilles LAWSON


Vous êtes originaire du Congo-Brazzaville et votre carrière a débuté en tant qu’Animatrice de télévision. Pourriez-vous nous décrire comment cette expérience a façonné votre vision et votre approche du monde médiatique, et comment elle a contribué à votre ascension professionnelle ? 

Prodiges Saint-Auffret : Je suis arrivée à la télévision par pur “hasard”, bien que le hasard n’existe pas. J’avais 17 ans et j’étais curieuse. Deux années plus tôt j’avais eu mon BAC et mes parents attendaient que j’ai 18 ans pour m’envoyer étudier à l’étranger. Alors répondre à cet appel de casting sur lequel j’étais tombée, me semblait être une belle opportunité pour m’occuper au lieu de rester à la maison. Je ne savais pas que c’était là une voie qui allait donner sur une multitudes d’opportunités incroyables ! J’aimais l’animation à la télévision, ça m’a aidé à sortir de ma coquille et à briser ma timidité. 

Crédit : Prodiges Saint-Auffret
Crédit : Prodiges Saint-Auffret

Alain Shungu, représentant d’EuroNews et TV5Monde, vous a repérée et vous a offert l’opportunité de présenter le Journal pour différentes chaînes de télévision. Pourriez-vous partager avec nous comment cette rencontre a eu lieu et comment cela a influencé votre carrière ultérieure ?

Prodiges Saint-Auffret : Alain Shungu avait été sollicité par la Direction de la chaîne pour laquelle je travaillais à l’époque. Il devait choisir et former une équipe pour lancer le Journal, car la chaîne démarrait. Il avait l’œil, c’était un ancien dans le métier. Il a aimé ma diction bien qu’il me trouvait “indisciplinée” (rire). Il a commencé par me demander la rédaction de papiers du journal, puis la descente sur le terrain pour les reportages (ce que j’aimais moins), puis la co-présentation du journal, et enfin la présentation du journal (d’abord celui de midi, et plus tard celui de 19H). Mes parents étaient très fiers de moi, j’avais 18ans, je devenais la plus jeune présentatrice du journal télévisé au Congo; D’ailleurs, je suis toujours la seule à l’avoir fait à ce jour. 

Crédit : Prodiges Saint-Auffret

En 2015, vous avez décidé de vous installer au Sénégal et de créer LOBA, une boîte de production, des magazines papier et une régie publicitaire. Quelles étaient vos motivations derrière cette décision et comment avez-vous réussi à bâtir cette entreprise prospère ? 

Prodiges Saint-Auffret : J’ai décidé de m’installer au Sénégal après une rencontre avec Youssou N’dour que je devais interviewer au Congo pour la chaîne de télévision où j’étais. Lui il venait de lancer la TFMet je me disais que j’allais y travailler à Dakar, mais une fois sur place j’ai préféré me mettre à mon propre compte. J’aimais déjà ma liberté et le Sénégal m’offrait plusieurs options. Mais les choses ne ce sont pas faites tout de suite. Je suis arrivée en 2011, et ce n’est qu’en 2016 que mon entreprise LOBA a vu le jour. J’ai connu environ cinq (5) années de galère et de doute quand même.

En 2019, vous avez pris en charge le management de Canal 2, une chaîne de télévision sur TNT. Comment avez-vous abordé ce nouveau défi et quelles étaient vos ambitions pour cette chaîne ? 

Prodiges Saint-Auffret : Autant le dire directement : j’étais naïve (rire). Je nourrissais le rêve d’avoir ma propre chaîne de télévision car je voulais proposer des programmes innovants ! Sans vraiment réaliser le poids des responsabilités qui accompagnait un tel projet. Un ami avait un ami qui voulait vendre sa chaîne de télévision car elle ne marchait pas comme il voulait. Vous savez, la télévision au Congo n’est pas vraiment le business le plus facile. Alors il m’a proposé de faire un essai, de prendre le management de la chaîne et de voir si au final je voulais la garder. 

Les programmes financés de ma poche, la régie qu’il fallait cordonner alors que je n’étais quasiment jamais au pays, … tant de raisons qui m’ont très vite fait comprendre que je n’étais pas prête. Néanmoins j’ai tenu environ 1 an, avant que la chaîne ne soit vendue. Aujourd’hui avec ma boîte de production audiovisuelle LOMÂA, j’ai revu mon projet d’avoir une chaîne; je fais de la télévision autrement et ça me convient. 

Depuis 2021, vous gérez à Dubaï « Mwassi Boss », un magazine dédié aux femmes du monde entier. Pourriez-vous nous parler de votre vision pour ce magazine et comment il contribue à promouvoir l’autonomisation et l’épanouissement des femmes ?  

Prodiges Saint-Auffret : Depuis Octobre 2021, j’ai entamé l’installation de Mwassi Boss Magazine à Dubai mais je suis tout le temps en Afrique, ce qui ne facilite pas les avancées de l’autre côté. En deux ans, j’en ai connu des vertes et des pas mûrs. J’ai annoncé six numéros, mais un des six a été annulé. J’ai connu la mauvaise critique et l’appel au boycotte. Mais le magazine est encore là, plus beau et plus fort que jamais.

Ma vision est de promouvoir l’excellence féminine. Mwassi Boss est une louange aux femmes patrons comme je les appelle. “Patrons” pour signifier qu’elles font exactement tout ce que les hommes font, tout en restant des femmes. C’est ça notre super pouvoir. 

Crédit : Prodiges Saint-Auffret

Vous êtes la Présidente d’ECAAF, une fondation qui promeut plusieurs programmes en faveur de l’autonomisation et de l’épanouissement des filles et des femmes. Quelles sont les actions concrètes que vous entreprenez au sein de cette fondation et quels sont vos objectifs à long terme ? 

Prodiges Saint-Auffret : Depuis deux ans, je pilote le plaidoyer de Haut niveau pour les droits de la femme appelé ECAAF (Ensemble C’est Aussi Avec les Femmes). Dans ce plaidoyer j’ai inséré différents programmes pour filles et femmes lancés des années auparavant, tels que Championnes Du Net (CDN), Dis-Moi Grande Sœur (DMGS), la Petite Fille De Ouenzé (PeFiDo), …

Crédit : Prodiges Saint-Auffret

Avec le plaidoyer, ECAAF milite pour les droits des femmes, droit à l’égalité homme – femme dans tous les domaines de la vie. Dans notre Agenda sur les cinq (5) prochaines années nous avons sélectionné la Santé, l’éducation, le Numérique, et l’Entrepreneuriat. Nos actions tournent donc majoritairement autour de ces questions pour les femmes.

Crédit : Prodiges Saint-Auffret

Il y a quelques années, vous avez été invitée et reçue par Mme Antoinette Sassou Nguesso, Première Dame de la République du Congo. Pourriez-vous partager avec nous cette rencontre et l’impact qu’elle a eu sur votre engagement en faveur des droits des femmes ?

Prodiges Saint-Auffret : C’était pendant les campagnes présidentielles. J’avais été invitée pour prononcer un discours circonstanciel aux centaines de femmes de la ville de Pointe-Noire où elle était de passage pour la campagne. Quelques semaines plus tôt j’avais déjà eu l’opportunité de poser directement et publiquement la question au Président Denis Sassou Nguesso sur la place de la femme dans son projet de société. Question à laquelle il avait répondu favorablement puis que des ajouts avaient été remarqués. Parti de là, je pense que le mot influence prend tout son sens. Ma vidéo avait été prise et partagé par de nombreux médias congolais à travers le monde. 

Pour en revenir à la Première du Congo, Antoinette Sassou Nguesso, c’est une mère, elle a du cœur et malgré le poids des années elle demeure active. 

En tant qu’auteure de trois livres à succès, dont le dernier est sorti début février 2022, pourriez-vous nous donner un aperçu du contenu de cet ouvrage et partager avec nous votre processus d’écriture ? 

Prodiges Saint-Auffret : Mon premier livre Mwassi Boss porte le nom de mon magazine aujourd’hui. Il retrace mon parcours et parle du fait d’avoir de l’ambition pour devenir une femme patron. Le second Dis-moi grande sœur (devenu entre temps un talk-show de dialogue intergénérationnel)a été rédigé en 2020 pendant la période de Covid aux États-Unis, alors que le monde entier sombrait et que l’avenir était incertain. Le troisième Rabbi n’est pas mon nom sortira finalement en fin d’année 2023. Il a connu du retard pour diverses raisons liées à mon agenda professionnel. Ce livre aborde plusieurs faits de société comme la vie à l’air des réseaux sociaux. Je vous assure qu’il va faire grand bruit (rire).

En tant que conférencière reconnue, vous avez été invitée aux quatre coins du monde pour partager votre expertise sur l’entrepreneuriat, le numérique et l’éducation. Quelles sont les principales idées que vous souhaitez transmettre lors de vos interventions et quel est l’impact que vous espérez avoir sur votre auditoire ? 

Prodiges Saint-Auffret : L’idée principale que je souhaite transmettre aux jeunes lors de mes conférences est que le rêve est gratuit, le ciel est à portée de tous, si on est prêt à s’en donner les moyens sans jamais abandonner.  J’espère impacter la vie des gens qui n’osent pas rêver. J’espère inspirer les “no name” qui pensent que sans l’aide de personne ils ne peuvent pas réussir.

Avec le numérique je discute des nouveaux moyens de booster un business ou une carrière. J’incite mon auditoire à s’éduquer et à ne jamais cesser d’apprendre. En gros mon message c’est “Il n’y a pas de magie. Tout le monde peut devenir quelqun. Vous allez beaucoup échouer mais n’abandonnez jamais jamais JAMAIS !”

Vous êtes appréciée pour vos nombreuses casquettes : journaliste, écrivaine, productrice, entrepreneure, conférencière et activiste sociale. Comment parvenez-vous à gérer toutes ces responsabilités et quels sont les défis auxquels vous êtes confrontée en jonglant entre ces différents rôles? 

Prodiges Saint-Auffret : Je ne sais pas si je suis encore journaliste aujourd’hui, et oui j’écris des livres mais de là à me dire écrivaine, je ne sais pas. Je produis des émissions, je fais des conférences, certes mais dans la vie de tous les jours je suis tout simplement Entrepreneur. C’est la seule casquette qui résume ce que je fais. Je gère depuis sept (7) ans LOBA mon entreprise, et ce n’est pas évident tous les jours. Plusieurs fois j’ai frôlé la faillite mais Dieu merci je me relève toujours plus déterminée qu’avant.

Crédit : Prodiges Saint-Auffret


À part LOBA, je mets toute mon énergie dans ECAAF, mon engagement social. C’est selon moi la raison de mon existence sur terre. Le combat que je mène donne du sens à ma vie. Je suis née pour ça, et j’espère, dans les années à venir pouvoir être fière de tout ce que j’aurais accompli au travers de cela.

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